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Wajdi Mouawad, dramaturge libano-canadien, prend la tête du théâtre parisien de La Colline. Doté d’une forte réputation internationale, il incarne un théâtre profondément marqué par l'exil et la question de la filiation.

Wajdi Mouawad a été nommé mercredi 6 avril à la tête du théâtre de La Colline. À 47 ans, le dramaturge libano-canadien est doté d’une forte réputation internationale pour son théâtre tantôt lyrique tantôt intimiste, profondément marqué par l'exil et la question de la filiation.

Il succède à Stéphane Braunschweig, nommé en décembre à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, moins de trois semaines après le décès de son directeur Luc Bondy

En nommant Wajdi Mouawad, le ministère de la Culture renoue avec les origines de La Colline : c'est un grand metteur en scène étranger, Jorge Lavelli, qui avait pris les rênes de ce théâtre dédié aux écritures contemporaines à sa fondation en 1988. La Colline est un des six théâtres nationaux français (avec la Comédie-Française, l'Odéon, Chaillot, etc.).

"Cette nomination d'un auteur vient affirmer le choix d'un théâtre du récit, lyrique, populaire et métissé", indique le communiqué d'Audrey Azoulay, dont c'est une des premières annonces au ministère de la Culture.

"Révéler la nature politique de l'écriture"

Bien qu'installé au Québec, Wajdi Mouawad a tissé des liens solides avec la France, où il a passé son enfance et son adolescence. Artiste associé du Festival d'Avignon en 2009, il avait tenu en haleine le public 11 heures d'affilée avec la saga du "Sang des Promesses" (Littoral, Incendies, Forêts, Ciels). "Incendies" a été ensuite adapté au cinéma par le réalisateur canadien Denis Villeneuve et a emporté plusieurs prix. Il est associé depuis 2011 au théâtre du Grand T. à Nantes.

À côté des grandes épopées, il a signé une série "Domestique", où il remonte le fil de son histoire familiale, du départ du Liban enfant, à l'adolescence en France puis l'installation en 1983 au Canada (Québec) qui accorde à la famille ses papiers.

"Rien ne me déprime plus que lorsque l'on me demande pourquoi je suis si obnubilé par la question de l'identité", avait-t-il confié dans un entretien en 2013. "Je dirais que je suis beaucoup plus habité par la peur et la crainte de perdre la passion et la pureté qui m'habitaient lorsque j'étais adolescent".

Wajdi Mouawad a signé une vingtaine de textes pour le théâtre et se consacre aujourd'hui à porter au plateau les sept tragédies de Sophocle, dont une intégrale a été donnée à Mons (capitale européenne de la culture en 2015).

Dans son projet pour le théâtre de La Colline, "il fait le pari de réunir créateurs, auteurs et penseurs qui voudront révéler, notamment aux adolescents, la nature politique de l'écriture et la place fondamentale qu'elle peut avoir dans la vie publique", précise le ministère de la Culture.

Avec AFP