
L'incertitude demeure vendredi sur la date de réouverture de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem. Jeudi, les syndicats de policiers ont menacé de faire grève si des contrôles de passagers n'étaient pas mis en place à l'entrée.
"Techniquement prêt" depuis jeudi 30 mars pour accueillir de nouveau des voyageurs dans un bâtiment provisoire, l’aéroport de Bruxelles, dont le hall des départs a été dévasté par un double attentat-suicide le 22 mars, est pourtant resté fermé ce vendredi 31 mars. Les policiers en fonction à Bruxelles-Zaventem réclament des contrôles de sécurité des passagers et de leurs bagages dès l'entrée de l'aéroport. Ils menacent de faire grève si cette revendication n'est pas satisfaite. Vendredi, des négociations étaient en cours entre les policiers de l'aéroport et la direction.
L'argument de nombreux experts en sécurité contre de tels contrôles est repris par la direction de l'aéroport : cela ne ferait que déplacer les concentrations humaines, prisées des terroristes pour faire le maximum de victimes. "Au lieu d'avoir une concentration [de gens] dans un bâtiment large, on l'aurait parmi les gens qui font la file à l'extérieur", a ainsi fait valoir Florence Muls, porte-parole de Brussels Airport. "En Europe aucun aéroport n'applique ce type de mesure", poursuit-elle.
"Je ne pense pas qu'un seul gouvernement européen ou exploitant d'aéroport réfléchisse à cela", ajoute Anne-Marie Pellerin, consultante sur les questions de sécurité dans l'aérien, qui décrit également la proposition des services de sécurité de l’aéroport belge. Elle se souvient des files d'attente prises pour cible dans des attentats-suicides en Israël car les lieux publics visés, café ou boîte de nuit, pratiquaient de tels "check-points".
Cinq millions d'euros de perte par jour pour Brussels Airlines
Les conséquences de la fermeture de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem sont lourdes pour le secteur aérien, voire l'économie belge dans son ensemble. Le bâtiment provisoire "techniquement prêt" depuis jeudi, ne peut assurer que 20 % des enregistrements habituellement effectués dans l'aéroport, selon son exploitant Brussels Airport.
Avec 260 entreprises intervenant dans ses murs, et 20 000 personnes qui y travaillent, l'aéroport de Bruxelles-Zaventem est un des principaux employeurs de Belgique. Il revendique le rang de "deuxième pôle de croissance économique" après le port d'Anvers, et se targue d'une contribution d'environ trois milliards d'euros au produit intérieur brut (PIB). Toutes les personnes qui travaillaient à Bruxelles-Zaventem ne sont pas au chômage technique depuis le 22 mars, a précisé Brussels Airport, sans pour autant donner de chiffre.
Peu d'entreprises ont chiffré à ce stade leur manque à gagner hormis la compagnie aérienne Brussels Airlines établie à Zaventem. Elle évalue ses pertes à cinq millions d'euros par jour. En 10 jours, l'équivalent de ses bénéfices de 2015, soit 41,3 millions d'euros, s'est évaporé et la compagnie traverse "la plus grande crise" de son histoire.
Réservations en berne à Bruxelles
Dans la région de Bruxelles, le taux d'occupation des hôtels a quant à lui chuté de moitié depuis le 22 mars, selon un organisme professionnel. En une semaine, les réservations de moyens de transport pour de futurs séjours à Bruxelles ont également reculé de 50 %, d'après l'office de tourisme de la capitale.
"On est dans la même configuration qu'après les attentats de Paris", tempère son PDG Patrick Bontinck, soulignant que les touristes sont également moins nombreux en France, à Berlin ou à Londres, par "crainte" du terrorisme. Cette moindre fréquentation n'est pas uniquement liée à la fermeture de l'aéroport, "25-30 %" seulement des visites en dépendent, selon lui.
Mais pour les experts interrogés, peu importent les conséquences économiques, la fermeture prolongée du trafic voyageurs démontre simplement que Brussels Airport a mis la sécurité en tête de ses priorités.
Avec AFP