
À la demande du Maroc, des dizaines de membres de l'ONU stationnés au Sahara occidental ont quitté la région. Ce départ fait suite aux tensions récentes entre Rabat et Ban Ki-moon, accusé par le royaume d'avoir dérapé sur ce dossier.
L’évacuation des 84 membres de la Minurso (mission de l'ONU au Sahara occidental) a débuté. Plusieurs dizaines d’entre eux ont déjà quitté la région après la décision prise par le Maroc de les expulser en réaction aux propos tenus par le secrétaire général de l'ONU et jugés inacceptables par le royaume chérifien.
Rabat reproche à Ban Ki-moon d'avoir manqué à son devoir de neutralité lors d'une visite début mars dans un camp de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie. À cette occasion, il avait fortement irrité le royaume chérifien en parlant "d'occupation" à propos du statut de ce territoire annexé par le Maroc en 1975 et revendiqué par des indépendantistes (le Polisario). Il avait déploré que Rabat et le Polisario n’aient fait "aucun progrès réel dans les négociations devant aboutir à une solution juste et acceptable par tous, fondée sur l'autodétermination du peuple du Sahara occidental".
Dans son communiqué, Rabat avait également annoncé "l'annulation de la contribution volontaire qu'accorde le Maroc au fonctionnement de la Minurso" et "l'examen des modalités de retrait des contingents marocains engagés dans les Opérations de Maintien de la Paix".
De nouvelles discussions
Cette crise avec le Maroc va être abordée lundi par le secrétaire général de l’ONU lors d’un déjeuner informel mensuel avec les 15 ambassadeurs du Conseil. "Nous espérons toujours pouvoir sauver la mission et restaurer nos relations avec le Maroc", a ainsi expliqué son porte-parole Stéphane Dujarric.
Saisi de l'affaire jeudi, le Conseil de sécurité n'a pas réussi à adopter une position commune, laissant à chacun de ses membres le soin de traiter individuellement avec le Maroc pour tenter d'apaiser cette querelle. À la fin de la réunion, le président du Conseil, l'ambassadeur angolais Ismael Gaspar Martins, n'a pas eu un mot de soutien pour M. Ban ni pour enjoindre Rabat à revenir sur sa décision.
Selon des diplomates, France, Espagne, Japon, Égypte et Sénégal notamment ont pris le parti de Rabat. L'ambassadeur français François Delattre a indiqué vendredi à des journalistes que Paris voulait "faire baisser la tension". "Pour l'instant, a-t-il dit, l'important est que le Maroc et l'ONU aient un dialogue, serein, respectueux et approfondi. C'est notre priorité numéro un".
Le Maroc a pris le contrôle de la majeure partie du Sahara occidental en 1975 lorsque la puissance coloniale, l'Espagne, s'en est retirée, ce qui a poussé le Polisario à mener une guérilla jusqu'en 1991, année où l'ONU a réussi à obtenir un cessez-le-feu et a déployé la Minurso.
Rabat propose une large autonomie sous sa souveraineté pour ce vaste territoire peu peuplé mais riche en minéraux, tandis que le Polisario, soutenu par Alger, réclame un référendum d'autodétermination.
Avec AFP et Reuters