
Prévisions de croissance maintenues, chômage repassant sous la barre des 10 % : l’Insee a rendu jeudi une note de conjoncture qui détonne avec les pronostics habituels. Trop optimiste ?
François Hollande va-t-il pouvoir se présenter à sa propre succession en 2017 l’esprit tranquille ? L’actuel président avait promis qu’il ne chercherait pas à se faire réélire si la courbe du chômage ne s’inversait pas. L’Insee lui a délivré, jeudi 17 mars, une note de conjoncture marquée du sceau de l’optimisme avec une légère baisse du chômage.
Les prévisionnistes de l’institut maintiennent que la croissance au premier trimestre sera de 0,4 % malgré une "conjoncture mondiale morose". D’après leur estimation, les projections du gouvernement - une hausse du PIB de 1,5 % sur l’année - seront presque tenues (l’Insee table sur une croissance de 1,4 %).
Un chômage sous la barre des 10 %
Cette relative bonne santé économique se traduirait par une baisse de 0,1 % du nombre de Français sans emploi au premier trimestre. C’est peu, mais cette diminution permettrait au taux de chômage de passer sous la barre symbolique de 10 %. La note de l’Insee ajoute que le marché de l’emploi devrait ensuite se stabiliser sur l’ensemble de l’année.
Mais pour Pascal de Lima, impossible de pousser le bouchon de l’optimisme jusqu’à évoquer une inversion durable de la courbe du chômage. Tout d’abord, "parce qu’il faudrait que la croissance soit d’au moins 1,5 % sur une longue période, alors que l’Insee juge qu’elle sera plutôt de 1,4 % à la fin de l’année", note Pascal de Lima, fondateur du cabinet de conseil EcoCell, contacté par France 24.
Effet limité dans le temps
Deux facteurs expliquent principalement cet optimisme des prévisionnistes. "L’investissement industriel et la consommation, portée par une hausse du pouvoir d’achat, ont contribué aux bons résultats de ce début d’année", poursuit Pascal de Lima. Même si la hausse du pouvoir d’achat peut paraître difficilement perceptible au commun des Français, elle provient de différents légers coups de pouce du gouvernement (primes de fin d’année, dégel de la rémunération des fonctionnaires) associés à une inflation toujours très faible.
Le "tonus" évoqué par l’Insee pour qualifier ce début d’année doit surtout beaucoup à des mesures politiques avec un effet limité dans le temps. C’est, par définition, le cas des primes de fin d’année tandis que le redémarrage de l’investissement industriel risque d’avoir fait long feu. "Il repose beaucoup sur le CICE [Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi] qui a incité les entreprises à investir", rappelle l’économiste français. Ce dispositif arrive à terme et doit être remplacé par une baisse des charges sociales.
Sans ces incitations, l’économie française perdrait des armes importantes pour lutter contre les soubresauts de la conjoncture mondiale, comme le ralentissement de l’économie chinoise. Reste à savoir si le gouvernement a d’autres atouts dans sa manche d’ici la prochaine élection présidentielle ou si, comme le craint Pascal de Lima, ce début d’année n’est qu’une "illusion de reprise".