Eddie Jones, qui a repris les rênes de l’Angleterre au lendemain de la Coupe du monde de rugby, n’est pas qu’un entraîneur de talent. C’est aussi un personnage haut en couleurs, adepte de petites phrases assassines et de traits d'esprit. Florilège.
Cinq mois après avoir pris la tête du XV de la Rose, Eddie Jones peut déjà marquer l’histoire du rugby anglais. À l’heure d’affronter les Bleus, au Stade de France, avec la perspective d’un premier grand chelem pour l’Angleterre depuis 2003, le technicien australien a l’occasion de redorer le blason d’une sélection dévastée par l’échec de la Coupe du monde 2015.
Eddie Jones a prouvé par le passé qu’il était un stratège hors pair. Mais l’histoire retiendra aussi qu’il est un communiquant prolixe, avide de bons mots. Un style qui tranche avec celui de son prédécesseur, le plus policé Stuart Lancaster : le "showman" de 56 ans n'a pas son pareil pour interpeller ses interlocuteurs, ménager ses effets, laisser un silence puis asséner sa tirade sourire en coin.
Passage en revue, depuis son retour en Angleterre à l'occasion de la Coupe du monde (à la tête du Japon), des meilleures déclarations du 'smiling assassin' (l'assassin souriant), surnom qu'il s'est vu décerner par les médias britanniques.
• 20 septembre 2015 : "Environ 30 millions de personnes ont dû regarder le match au Japon. C'est la population australienne, si on ajoute les kangourous. Et celle de Nouvelle-Zélande avec les moutons." Sa réaction au lendemain de la victoire historique du Japon contre l'Afrique du Sud lors du Mondial.
• 30 septembre 2015 : "Robshaw joue en 7 mais c'est au mieux un 6,5. Il est utile mais il n'est pas rapide, ne monte pas vite sur la balle. C'est une incroyable joueur de club mais au niveau international, il n'a pas ce petit truc en plus." Voilà le capitaine décrié de l'Angleterre pendant le Mondial rhabillé pour l'hiver dans une chronique au Daily Mail. Six mois plus tard, Jones le sélectionne, mais il n'est plus capitaine.
• 2 octobre 2015 : "Si vous voulez un enfant fort, assurez vous qu'il boive du lait de la ferme et 10 bières le soir, qu'il livre le journal tous les matins. Vous devriez faire un documentaire sur la longévité, le lait, les journaux et la bière." Le commentaire de Jones après la prestation du Japonais Hitoshi Ono à 37 ans contre les Samoa.
• 12 octobre 2015 : "J'ai pris le petit déjeuner avec ma femme pour la première fois depuis longtemps. D'ailleurs, j'espère que c'est toujours ma femme. Mais je ne sais pas si elle pense que je suis toujours son mari". Au lendemain de l'élimination du Japon.
• 27 janvier 2016 : "Vous êtes marié ? Tous ceux qui l'ont été savent que la lune de miel ce n'est pas comme la vraie vie. Le mariage, c'est difficile. Vous donnez, vous prenez, vous faites des compromis [...] Mais pour l'instant, c'est une lune de miel agréable." Jones file le parfait amour avec l'Angleterre avant le début du Tournoi.
• 27 janvier 2016 : "Je ne suis pas fan de ses films donc il va disparaître de là. On est en train de prendre un nouveau départ. De bien des façons, on a mis une nouvelle couche de peinture sur les murs." Jones veut en finir du passé et notamment de cette maxime d'Arnold Schwarzenegger affiché au centre d'entraînement du XV de la Rose : "Se sortir des épreuves et décider de ne jamais se rendre, c'est ça la vraie force."
• 2 février 2016 : "Je veux qu'il soit Tarzan, qu'il joue avec ses tripes." Jones, soucieux de donner du caractère à son équipe, justifie sa décision de nommer Dylan Hartley capitaine, malgré la réputation sulfureuse du "bad boy" anglais au casier disciplinaire très chargé.
• 27 février 2016 : "Jusqu'à vendredi, je ne parlerai plus aux médias. Si je ne dis rien, vous partez en disant que c'était ennuyeux et si je dis quelque chose, on me taxe d'alarmiste. Je ne veux rien faire qui offense la presse ou les parents des joueurs." Faussement vexé et menaçant devant les médias anglais, qui ont selon lui mal interprété et monté en épingle une de ses déclarations quelques jours plus tôt sur Jonathan Sexton, la star de l'Irlande.
• 12 mars 2016 : "Maro était une Vauxhall Viva [une petite voiture citadine, NDLR] mais c'est devenu une BMW même s'il n'est peut-être encore qu'une série 3". Séance de compliments de Jones à l'égard de Maro Itoje, jeune deuxième ligne de l'Angleterre.
Avec AFP