Condamné à 18 mois de prison ferme pour une affaire de pots-de-vin remontant à la période où il était maire de Jérusalem, l'ancien Premier ministre d'Israël Ehoud Olmert s'est présenté lundi matin à la prison Maasiyahu de Ramleh.
L'ancien Premier ministre israélien Ehoud Olmert, connu pour son goût du luxe, découvre, depuis lundi 15 février, l'austérité de la prison, après des années de soupçons de corruption, devenant le premier ancien chef de gouvernement israélien à aller derrière les barreaux.
Ehoud Olmert, 70 ans, à la tête du gouvernement israélien de 2006 à 2009, s'est présenté à la prison de Ramleh, près de Tel Aviv, pour y purger une peine de dix-huit mois pour des pots-de-vin touchés quand il était maire de Jérusalem (1993-2003), il avait d'abord été condamné à six ans de prison et un million de shekels d’amende (soit 230 000 euros). En décembre 2015, sa peine a été réduite à 18 mois par la Cour suprême. Il a aussi écopé d'un mois supplémentaire pour entrave à la justice.
Cet emprisonnement parachève la déchéance de celui qui fut longtemps l'un des hommes forts de la politique israélienne et que la justice, après des années de suspicion, finit par rattraper en 2014, jusqu'à sa condamnation définitive en décembre 2015 pour des dessous-de-table perçus dans le cadre du pharaonique projet immobilier Holyland.
L'ancien avocat d'affaires, réputé comme un bon vivant, grand amateur de costumes chic, de cigares, de bonne chère et de voyages en avion, sera incarcéré dans une aile réservée à certains détenus de la prison Maasiyahu. Le seul traitement particulier auquel il aura droit tient à sa sécurité et au fait qu'il est dépositaire d'informations sensibles, a indiqué une source pénitentiaire.
Ehoud Olmert rejoint à Ramleh l'ancien président Moshé Katzav, qui purge une peine de sept ans de prison pour viols.
Avant de prendre le chemin de la prison, il a défendu une dernière fois sa dignité humiliée dans une vidéo publiée lundi. "Je démens toutes les accusations de corruption portées contre moi", dit-il en chemise bleue, l'air abattu, dans cette vidéo tournée dans un intérieur apparemment privé.
Olmert également menacée par une autre affaire
"Je vous laisse imaginer combien ce changement est douloureux et singulier pour moi, ma famille, mes proches, mes supporteurs", dit-il. "Au cours de ma longue carrière, j'ai moi aussi commis des erreurs, même si, à mes yeux, aucune d'entre elles n'était passible des tribunaux. Je paie cher pour certaines d'entre elles, peut-être trop cher", ajoute-il en sous-entendant qu'il aurait été visé par des manœuvres politiques.
La descente aux enfers n'est toutefois pas terminée pour l'ancien Premier ministre de centre droit qui, après une longue carrière politique, prit le pouvoir en mars 2006 à la place d'Ariel Sharon, victime d'une attaque cérébrale.
Une autre épée de Damoclès pend en effet au-dessus de l'ex-Premier ministre. Ehoud Olmert a été condamné en mai 2015 à huit mois ferme pour avoir perçu et dissimulé des dizaines de milliers de dollars de l'homme d'affaires américain Morris Talansky alors qu'il était ministre du Commerce et de l'Industrie à partir de 2003. Cette affaire doit encore être examinée en appel à une date non précisée.
L'affaire Holyland avait contraint Ehoud Olmert à renoncer à se présenter aux primaires du parti Kadima et à quitter la tête du gouvernement, ouvrant la voie à l'avènement de Benjamin Netanyahou, qui dirige Israël depuis 2009.
Ehoud Olmert porte pour de nombreux Israéliens la responsabilité des ratés de la guerre contre le Hezbollah au Liban en juillet-août 2006. Il est par ailleurs le dernier Premier ministre à s'être autant investi dans des négociations, intensives mais infructueuses, pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien. Favorable à la création d'un État palestinien, il était prêt à un retrait israélien de la plus grande part de la Cisjordanie occupée.
Avec AFP