Dans un rapport rendu public lundi, l'ONU pointe du doigt le régime syrien dans la mort de milliers de détenus, torturés et battus dans les prisons d'État. Les experts des Nations unies évoquent même un "crime contre l'humanité".
Le dernier rapport de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'Homme en Syrie, intitulé "Loin des yeux : Morts en détention" et rendu public lundi 8 février, est sans appel. En quatre ans et demi, "des milliers de détenus ont été tués, alors qu'ils étaient dans des prisons", affirment les quatre experts de la commission, qui évoquent "une politique d'État ayant pour but d'attaquer la population civile" et parlent même de "crime contre l'humanité".
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L'équipe dirigée par le Brésilien Paulo Pinheiro, qui n'a jamais eu le feu vert de Damas pour entrer en Syrie, a recueilli des milliers de témoignages de victimes, de documents et de photos satellites. Pour ce dernier rapport, les experts mandatés par les Nations unies ont interviewé 621 personnes, dont 200 ont été témoins de la mort d'un ou de plusieurs de leurs compagnons de cellule.
Le Front al-Nosra et l’EI coupables des mêmes crimes
S’en dégage "un tableau terrifiant" des conditions de détention entre le 10 mars 2011 et le 30 novembre 2015. "Des détenus [...] ont été battus à mort ou sont décédés des suites de leurs blessures ou d'actes de torture. […] Il est évident que les autorités gouvernementales administrant les prisons et centres de détention étaient au courant que les morts se produisaient sur une échelle massive", soutiennent les experts.
Mais l'horreur subie par les détenus n'est pas le seul fait des autorités. À mesure que les groupes armés et organisations terroristes ont pris le contrôle de certaines parties du territoire syrien, ils ont eux aussi soumis leurs ennemis aux conditions de détention "les plus brutales", expliquent les experts de l'ONU.
D'après le rapport, la branche syrienne d'Al-Qaïda, le Front al-Nosra a procédé à des "exécutions en masse" de soldats du gouvernement faits prisonniers, tandis que le groupe terroriste État islamique (EI) s’est rendu coupable de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre en soumettant les détenus à la torture ou en les exécutant sommairement.
Avec AFP et Reuters