Les députés danois ont adopté, mardi, un texte particulièrement décrié sur l'immigration visant à décourager les candidats à l'asile. Cette loi prévoit notamment la confiscation des biens des réfugiés dont la valeur dépasserait les 1 340 euros.
Le Parlement danois a adopté, mardi 26 janvier, à une écrasante majorité, sa réforme controversée du droit d'asile qui vise à décourager les migrants de tenter leur chance au Danemark sous peine de se voir confisquer leurs effets personnels de valeur.
Le texte présenté par le gouvernement minoritaire du Premier ministre libéral, Lars Løkke Rasmussen, a été voté par toutes les formations de droite. Il a recueilli 81 voix sur 109, grâce au soutien des sociaux-démocrates, principal parti d'opposition, tandis que 27 députés ont voté contre et un s'est abstenu.
Les parlementaires écologistes et d'extrême gauche se sont succédé à la tribune pour fustiger un texte qui, selon eux, fait souffler "un vent de nationalisme" sur le pays scandinave.
Concrètement, voici ce qu’il se passera pour les migrants qui atteignent le Danemark :
Confiscation des biens
La police pourra fouiller leurs bagages afin de saisir l'argent liquide au-delà de 10 000 couronnes (1 340 euros) et les objets valant plus que cette somme. Seuls les objets à forte valeur sentimentale comme les alliances sont exemptés de cette saisie.
Le projet a suscité dans la presse étrangère des comparaisons avec les biens des juifs confisqués par l'Allemagne nazie. Mais pour le gouvernement danois, ceux qui demandent l'aide du Danemark doivent contribuer à financer leur séjour, s'ils en ont les moyens.
Pour le Parti populaire danois, formation anti-immigration qui soutient le gouvernement, cette loi vise surtout à décourager les arrivants : "Ce que nous disons, c'est que si vous voulez venir en Europe, mieux vaut éviter le Danemark", déclare son porte-parole Martin Henriksen.
La Suisse confisque aux demandeurs d'asile depuis les années 1990 le liquide au-delà de 1 000 francs (un peu plus de 900 euros), mais pas les biens.
Regroupement familial
Les demandeurs d'asile bénéficiant d'une protection moindre, à savoir ceux qui fuient la violence en général plutôt qu'une menace qui pèse sur leur personne en particulier, devront patienter trois ans avant de demander un regroupement familial. L'examen de la demande peut durer ensuite plusieurs années.
Ce temps d'attente contrevient selon les défenseurs des droits de l'Homme à plusieurs textes ratifiés par le Danemark : Convention européenne des droits de l'Homme, Convention internationale des droits de l'enfant, Convention de l'ONU relative au statut des réfugiés.
"Il est cruel de mettre des personnes qui fuient un conflit face à ce choix impossible : faire entreprendre à des enfants et d’autres proches un voyage dangereux, voire mortel, ou les laisser derrière soi et risquer une séparation prolongée tandis que les membres de la famille continuent à subir les horreurs de la guerre", a ainsi déclaré Gauri van Gulik, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
Les réfugiés devront payer le coût du transport de leur famille.
Permis de résidence raccourcis
Les permis de résidence seront raccourcis de cinq à deux ans, pour ceux qui bénéficient d'une protection plus élevée, à savoir pour des persécutions en raison de leur race, nationalité, religions, opinions politiques ou appartenance à un groupe social.
Des frais de dossier de 3 700 couronnes (environ 500 euros) seront introduits pour les demandes de permis de résidence permanents. Le demandeur devra avoir occupé un emploi pendant 2,5 des trois dernières années, contre trois des cinq dernières années auparavant. Le niveau exigé en danois sera également relevé.
Avec AFP