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Crise Iran - Arabie saoudite : la presse reproche à la France sa discrétion

La France est sommée d'agir, au risque de se retrouver "hors-jeu", pour désamorcer la crise entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite, estime la presse française mardi. Paris vend des armes à Riyad, dont elle est un soutien diplomatique.

Alors que l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite ont atteint un "point de rupture" dans la crise déclenchée par l'exécution d'un dignitaire chiite par Riyad, la presse française du mardi 5 janvier, à l'instar du "Monde", pointe un doigt accusateur en direction de la France. Cette dernière est sommée d'agir, au risque de se retrouver "hors-jeu".

Dans une région déjà en proie à plusieurs conflits, "la lutte contre l'organisation État islamique dépend d'une désescalade entre l'Iran et l'Arabie saoudite", explique "Le Monde" dans son éditorial. Or, "la France est une alliée privilégiée de l'Arabie saoudite, elle lui vend quantité d'armes et ne lui ménage pas son soutien diplomatique". "Il est temps pour Paris d'entreprendre une initiative de paix ou, du moins, de dialogue", poursuit le quotidien.

Mais pour l'instant, c'est une "France très, très prudente" qui s'est contentée d'un "timide communiqué du Quai d'Orsay", constate "Le Parisien/Aujourd'hui en France", qui rappelle lui aussi que les dirigeants saoudiens "sont devenus ces dernières années des clients très importants pour l'industrie d'armement tricolore".

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"Que l'Élysée, au nom du réalisme (socialiste ?), passe les droits de l'Homme par pertes et profits est une chose. Mais son tropisme anti-iranien et pro-sunnite conduit lentement notre pays à l'impuissance diplomatique", estime Jean-Dominique Merchet dans "L'Opinion". "Dans le conflit entre Téhéran et Riyad, la France est perçue comme l'adversaire de l'un et l'obligée de l'autre. Autant dire, hors-jeu."

"En finir avec les ronds de jambe devant la monarchie saoudienne"

Pourtant, "Libération" juge qu'"entre Ryad et Téhéran, entre l'impétueux prince héritier et ministre de la Défense Mohammed ben Salmane, qui a engagé son armée dans une guerre sans issue au Yémen, et le reconstructeur Hassan Rohani, sans lequel il n'y aurait pas eu d'accord sur le nucléaire, le président français, François Hollande, devra choisir", écrit Jean-Pierre Perrin.

"Il faut en finir avec les ronds de jambe devant la monarchie saoudienne et la communauté internationale, avec l'ONU, serait bien inspirée d'appeler d'urgence à une rencontre entre les parties", insiste Maurice Ulrich dans "L'Humanité".

"Mais, après le fiasco syrien, de quelles carottes ou de quels bâtons disposons-nous encore pour jouer les pompiers avec efficacité dans cette partie du monde ?", se demande dans "Ouest-France" le spécialiste des questions internationales Dominique Moïsi.

Dans "Les Echos", Sanam Vakil, experte du Golfe persique à Chatham House, un think tank spécialisé dans les relations internationales, estime que "les Occidentaux travaillent certainement 24 heures sur 24, discrètement, pour ramener le calme". "Ils n'ont pas de levier économique, mais peuvent faire valoir à Riyad et Téhéran, qui sont des États rationnels et défendant leurs intérêts, que tout cela pourrait aisément échapper à tout contrôle."

Avec AFP