
Autre mesure phare de la grande loi sur le budget adoptée vendredi par le Congrès américain : la fin de l'interdiction d'exporter du pétrole, instaurée après le premier choc pétrolier pour constituer une réserve nationale.
Six jours après l’adoption d’un accord au terme de la conférence sur le climat de Paris (COP21), les États-Unis ont décidé, vendredi 18 décembre, de lever l'interdiction pesant depuis 40 ans sur les exportations de pétrole américain. Une conséquence de l'augmentation spectaculaire de leur production nationale, en mal de débouchés.
La loi budgétaire adoptée vendredi par le Congrès, qui alloue également 1 149 milliards de dollars de budget à l’administration fédérale américaine pour terminer l'année budgétaire qui prendra fin le 30 septembre 2016, prévoit ainsi qu'"aucun responsable du gouvernement fédéral ne pourra imposer ou faire respecter des restrictions à l'exportation de pétrole brut".
Réclamée avec vigueur par plusieurs élus républicains et les grands groupes pétroliers, critiquée par de nombreux démocrates et combattue en vain par des organisations écologistes, cette mesure pourrait, espèrent ses promoteurs, tout à la fois soulager les stocks surabondants, assurer un débouché à la production américaine, et permettre une petite baisse du prix de l'essence à la pompe.
Les promoteurs du projet font aussi peser dans la balance le contrepoids que pourraient ainsi représenter les États-Unis face aux autres pays pourvoyeurs de pétrole. "En ouvrant le brut américain au reste du monde, nous fournirions à nos alliés un partenaire commercial plus stable, et réduirions le pouvoir de pays comme la Russie, le Venezuela et des régions volatiles du Moyen-Orient qui utilisent leur domination sur le marché de l'énergie pour influencer notre pays et nos alliés", explique Heidi Heitkamp, sénatrice démocrate de l'État du Dakota du Nord (nord), un État saisi par la fièvre du pétrole de schiste.
Une réserve nationale plus nécessaire
L'embargo remontait au choc pétrolier de 1973-1975, lorsque les États-Unis, dont la production de pétrole était en déclin, voulaient se protéger d'une possible rupture des approvisionnements. Ils avaient décidé de constituer une réserve stratégique de brut et d'interdire l'exportation de la production nationale.
Il avait toutefois déjà été affaibli fin décembre 2014, quand l'exportation de pétrole ultraléger avait été autorisée. En outre, l'embargo ne concernait pas les exportations à destination du Canada pour utilisation sur place, ou en provenance du nord de l'Alaska ou de Californie, soit quelque 491 000 barils sur les 9,2 millions produits chaque jour, selon le ministère de l’Énergie.
Le président américain pourra seulement limiter les exportations pour des raisons de sécurité nationale, en cas de pénurie, ou si les cours du pétrole aux États-Unis viennent à dépasser très largement les prix pratiqués sur le marché mondial, au risque de peser sur l'emploi.
Avec AFP