logo

Marine Le Pen relaxée pour ses propos sur les prières de rue comparées à l'Occupation

Le tribunal correctionnel de Lyon a annoncé, mardi, la relax de Marine Le Pen, jugée pour "provocation à la discrimination, à la violence ou à la haine", après avoir comparé en 2010 les prières de rue musulmanes à l'Occupation nazie.

Marine Le Pen n’a pas tout perdu. Battue dimanche aux élections régionales, Marine Le Pen a gagné une bataille judiciaire : la présidente du Front national (FN) a été relaxée mardi 15 décembre par le tribunal correctionnel de Lyon, où elle était poursuivie pour "provocation à la discrimination, à la violence ou à la haine envers un groupe de personnes à raison de leur appartenance à une religion". avoir comparé en 2010 les prières de rue musulmanes à l'Occupation nazie.

La présidente du parti d'extrême droite avait comparé, fin 2010, les prières de rue de musulmans à l'Occupation nazie lors d'une réunion publique à Lyon, alors qu'elle était en campagne pour la présidence du FN face à Bruno Gollnisch.

"Indigne moralement"

Elle encourait un an de prison et 45 000 euros d'amende. Mais le procureur Bernard Reynaud avait requis la relaxe, estimant que "Mme Le Pen, en dénonçant ces prières dans l'espace public, imputables non à l'ensemble de la communauté musulmane mais à une minorité, n'a fait qu'exercer sa liberté d'expression".

Quatre associations - la Licra, le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), le Mrap et la Ligue judiciaire de défense des musulmans - s'étaient constituées parties civiles. "Nous attendons qu'elle soit condamnée. La position du ministère public n'engage pas le tribunal. Nous considérons que ces propos sont indignes moralement et que juridiquement elle a dépassé les limites autorisées", estimait avant le jugement Me Sabrina Goldman, avocate de la Licra.

"Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire", avait lancé Mme Le Pen un soir de décembre 2010, sous les applaudissements des militants.

Et d'ajouter: "C'est une occupation de pans du territoire, des quartiers, dans lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation. Certes, il n'y a pas de blindés, pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants."

"Les prières de rue sont une illégalité"

Le procès, très médiatisé, s'était tenu six semaines avant les régionales, la prévenue accusant alors le gouvernement d'être responsable des poursuites. "Il ne vous étonne pas ce calendrier ? Nous sommes à un mois d'une élection alors que cette affaire a cinq ans !", avait-elle lancé.

Déjà poursuivie en diffamation, Marine Le Pen n'avait encore jamais comparu pour provocation à la haine, contrairement à son père, condamné plusieurs fois, en particulier pour avoir dit que les chambres à gaz étaient un "détail" de l'Histoire. Celle qui a précisément fait exclure son père du FN, cette année, pour ses dérapages à répétition, avait assuré au tribunal avoir seulement parlé d'occupation, sans majuscule ni référence au nazisme.

"J'ai voulu m'intéresser aux problèmes des Français et non pas me lancer dans des références au passé ou à l'histoire, 70 ans en arrière", avait plaidé cette avocate de profession, qui avait déjà entamé, fin 2010, sa stratégie de "dédiabolisation" du FN. "Les prières de rue sont une illégalité. C'est une manière d'accaparer [...] un territoire pour y imposer une loi religieuse. Je suis dans mon droit, comme responsable politique, d'évoquer un sujet fondamental. C'est même un devoir", avait ajouté Mme Le Pen à la barre.
 

Avec AFP et Reuters