Le tribunal de Göteborg a condamné, lundi, deux Suédois à la prison à perpétuité pour "acte de terrorisme". Les deux hommes, accusés d'avoir tué deux civils en Syrie en 2013, clament leur innocence malgré des vidéos compromettantes.
Deux Suédois accusés d’avoir commis des assassinats en Syrie au printemps 2013 ont été condamnés, lundi 14 décembre, à la prison à perpétuité pour "acte de terrorisme". Hassan Al-Mandlawi, 32 ans, et Al Amin Sultan, 30 ans, répondaient devant le tribunal de Göteborg, dans le sud-ouest de la Suède, de complicité d'exécution par égorgement et décapitation de deux personnes à Alep, deuxième ville de Syrie, dévastée par la guerre.
"Ils n'ont pas tenu l'arme blanche, mais ils ont joué un rôle essentiel", a déclaré la procureure Agnetha Hildning Qvarnstrom, lors de l'audience.
Des vidéos de ces crimes étaient stockées sur une clé USB saisie au domicile du plus jeune des accusés. Sur ces documents audiovisuels, on peut voir les deux hommes laisser éclater leur joie après la décapitation d'un homme dont la tête est brandie par ses bourreaux. On entend par ailleurs un des deux hommes lancer en suédois : "Tous les infidèles qui nous font la guerre [...] subiront le même sort".
L'enquête n'a pas permis d'établir l'identité des victimes, tuées "d'une manière très cruelle et bestiale" selon le tribunal.
Les condamnés contestent
D'après un responsable des services de sécurité du royaume scandinave appelé à témoigner, ces meurtres ont été commis dans une zone industrielle du nord d'Alep entre le 27 avril et le 2 mai 2013. Malgré les dénégations des accusés, le tribunal a souligné le rôle manifeste de "commandement" des deux jeunes hommes dans ces exécutions.
Hassan Al-Mandlawi disait s'être rendu en Syrie pour "soutenir la population contre le régime Assad". Cloué dans un fauteuil roulant, blessé par balles à la tête en Syrie d'après l'accusation, en Turquie d'après la défense, il comparaissait libre mais a été placé en détention dès le prononcé du jugement.
Selon son avocat, Lars Salkola, son invalidité était la preuve même de son innocence. Il met en outre en doute les conclusions des experts qui ont identifié sa voix sur les vidéos.
L'accusation soutient que Hassan Al-Mandlawi se trouvait bien en Syrie à l'époque des faits mais conteste la gravité de son état de santé. Elle invoque une vidéo de vacances tournée en Malaisie en juin 2015 le montrant debout, dans une piscine, et capable de s'alimenter sans aide.
Al Amin Sultan a, lui, été arrêté fin juillet et placé en détention. Son avocate a annoncé qu'il faisait appel. Il a reconnu avoir été en Syrie.
Deuxième condamnation suédoise
Les deux condamnés sont originaires de Göteborg, la deuxième ville de Suède, dont l'agglomération a vu selon la police suédoise partir 120 hommes pour combattre avec l'organisation État islamique, ce qui en ferait l'un des principaux foyers de recrutement jihadiste en Europe.
C'est la deuxième fois que la justice suédoise condamne des personnes pour des crimes commis en Syrie. En février, un opposant syrien avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir battu un soldat du régime qui était pieds et poings liés.
Avec AFP