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Les États-Unis accusent un homme d’affaires syrien d’être l’intermédiaire entre l’EI et Damas

George Haswani a été frappé par des sanctions financières américaines, mercredi. Ce Syrien est accusé par Washington et Bruxelles d’acheter du pétrole à l’EI pour le compte du régime de Bachar al-Assad.

Il serait une sorte de chaînon manquant entre le régime de Bachar al-Assad et l’organisation de l’État islamique (EI). L’homme d’affaires syrien George Haswani a été désigné, mercredi 25 novembre, par Washington comme l’intermédiaire pétrolier entre les jihadistes de l’EI et Damas, qui sont pourtant engagés dans une lutte pour le contrôle du territoire syrien. Les États-Unis l’ont inscrit sur leur liste noire des personnes avec lesquelles il est interdit de faire des affaires sous peine de sanctions financières.

Le gouvernement américain emboîte ainsi le pas aux Européens. L’Union européenne avait déjà frappé George Haswani de sanctions (gel des avoirs, interdiction de circuler en Europe), en mars 2015, pour “son rôle d'intermédiaire dans le cadre de transactions relatives à l’achat de pétrole à l’EI par le régime syrien”.

Un rôle dans la libération des nones de Maaloula

Ce Syrien, patron de l’entreprise de construction et d’ingénierie Hesco, gérait des puits de pétrole en Syrie qui sont tombés depuis aux mains de l’EI. Selon certaines allégations, il jouerait un rôle de conseiller logistique auprès de l’organisation terroriste en leur expliquant comment exploiter ces puits au quotidien. De quoi le faire passer, en quelques mois, d’homme d’affaires relativement inconnu sur la scène internationale au statut d’illustration vivante du jeu trouble du régime d’Assad à l’égard de l’EI.

Un rôle que George Haswani refuse d’endosser. “Je mets au défi quiconque de présenter une preuve de ces accusations”, a-t-il affirmé au quotidien britannique “Daily Mail” en mars 2015. Il a profité de cet entretien pour dénoncer une vindicte occidentale à deux vitesses qui épargnerait largement la Turquie, dont les autorités sont parfois accusées de fermer les yeux sur le trafic de pétrole de l'EI qui transite sur leur territoire. “Où va le pétrole produit dans les zones sous contrôle de l’EI ? Comment fait-il pour traverser la Turquie sans que les intermédiaires soient inquiétés ?”, s’interrogeait-il.

Avant d’être ainsi mis en cause par Washington et Bruxelles, ce chrétien originaire de la ville de Yabroud était apparu une première fois sur les radars médiatiques occidentaux pour son rôle dans l’affaire dite des nones de Maaloula, en mars 2014. Il aurait facilité la libération de ces douze religieuses qui avaient été enlevées par le Front al-Nosra, un mouvement islamiste syrien lié à al-Qaïda.

Partenaire commercial des Russes

Mais en Syrie, il est surtout connu pour être l’un des hommes d’affaires les plus influents du pays. Un statut que Georges Haswani n’aurait pu atteindre sans être proche de Bachar al-Assad. Sa femme, une alaouite, aurait même un lien de famille avec le chef de l'État, d’après le site “The Syrian Observer”.

Il entretient aussi d'anciennes relations avec l’allié stratégique traditionnel du régime d’Assad : la Russie. George Haswani y aurait, d’après “The Syrian Observer”, fait des études et son entreprise, Hesco, a signé plusieurs contrats avec les Russes. Elle fournit notamment des pièces détachées pour les véhicules de l’armée et des sites d’extractions de pétrole russes.

Le patron d’Hesco a su rester proche de ceux qui comptent en Syrie pour faire prospérer son groupe. Mais il est aussi prêt à des compromis avec les ennemis de ses amis pour assurer la bonne marche de son entreprise. Il aurait aussi payé de sa poche, début 2014, les groupes rebelles - opposés au régime d’Assad - qui occupaient Yabroud pour qu’ils ne perturbent pas ses affaires. Il apparaît donc comme l’homme tout désigné pour traiter en intermédiaire avec l’ennemi intérieur du moment de Bachar al-Assad, à savoir l’EI.