La Grèce a connu sa première grève générale depuis un an dans les secteurs public et privé. Ces manifestations contre l'austérité avaient reçu le soutien de Syriza, le propre parti du Premier ministre Alexis Tspiras.
Le gouvernement de gauche radicale du Premier ministre grec Alexis Tsipras a fait face, jeudi 12 novembre, à son premier vrai défi depuis les élections législatives anticipées de septembre. Une grève générale a en effet été lancée dans le pays contre les nouvelles mesures d’austérité.
Près de 20 000 personnes ont ainsi défilé à Athènes, ainsi que 8 000 à Thessalonique, dans le nord du pays. Dans la capitale, les forces de l’ordre ont fait brièvement usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes pour disperser des manifestants lançant des cocktails molotov. Près de la place Syntagma, un groupe d'environ 150 jeunes armés de barres de fer et de morceaux de marbre ont vandalisé des arrêts de bus et mis le feu à une voiture de la compagnie de télécommunications OTE, a constaté l'AFP.
Les protestataires sont sortis dans la rue pour dénoncer de nouvelles hausses fiscales et de nouvelles réductions des retraites, au moment où cinq années de rigueur ont sapé l'activité économique et où le chômage touche un quart de la population active. Le mouvement a paralysé les administrations et les transports, y compris les vols intérieurs annulés par dizaines. Dans les hôpitaux, le personnel n’assurait également que les urgences. Alors que les musées et les sites archéologiques étaient fermés, les journalistes étaient aussi en grève.
Le paradoxe Tsipras
Même Syriza, le parti du Premier Ministre avait appelé à participer à cette grève contre "les politiques anti-sociales, d'un néo-libéralisme extrême" menées par le gouvernement.
Cette journée de protestation illustre ainsi la position ambiguë d’Alexis Tspiras, qui se retrouve contraint de mettre en œuvre des mesures imposées par les créanciers internationaux, tout en les trouvant injustes. Arrivé au pouvoir en janvier avec un programme anti-plan d'assistance, le chef du gouvernement a fini par accepter un troisième plan d'aide en juillet, d'un montant de 86 milliards d'euros sur trois ans, alors que les deux cures d'austérité imposées au pays en 2010 puis 2012 - en échange de 240 milliards d'euros d'aide - avaient déjà été très mal vécues.
Cette grève générale s’est d’ailleurs déroulée précisément pendant une visite d'inspection à Athènes de représentants des créanciers du pays : Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Fonds européen de stabilité financière.
Avec AFP et Reuters