Le second tour d'élections cruciales pour Haïti ont lieu dimanche. Les sièges de président, de maires, de députés et de deux tiers des sénateurs devraient être désignés dans un climat tendu : les observateurs craignent des violences.
En Haïti, près de six millions d'électeurs se rendent aux urnes dimanche 25 octobre pour élire leur prochain président et tous les maires du pays ainsi que pour renouveler l'ensemble des députés et deux tiers du Sénat.
Huit députés et deux sénateurs ayant été élus dès le premier tour de scrutin du 9 août, 111 postes de députés et 18 postes de sénateurs restent à pourvoir. Au niveau municipal, 142 maires vont être élus à l'issue du tour unique de scrutin.
En raison d'une crise profonde entre le pouvoir exécutif et l'opposition depuis l'arrivée au pouvoir de Michel Martelly en mai 2011, Haïti n'a pas organisé à temps les élections législatives et municipales. Faute de pouvoir remplacer les élus, le Parlement a donc été dissous le 13 janvier 2015. Depuis 2013, les maires, dont le mandat était arrivé à terme, ont été progressivement remplacés par des agents exécutifs intérimaires nommés par le président Martelly sans concertation avec l'opposition.
Pour le pays le plus pauvre des Amériques, la tenue des scrutins législatifs et municipaux dimanche signe donc le retour à l'ordre constitutionnel.
Des violences lors du premier tour
Mais des violences sont à craindre, dimanche. Le Conseil électoral provisoire (CEP), l'administration en charge de l'organisation des scrutins, ainsi que les organisations de la société civile haïtienne, ont fait part de leur inquiétude pour la sécurité de la population lors de la journée de vote.
Pour la société civile, le risque porte plutôt sur l’attitude des forces de l’ordre. "Nous avons constaté que la police n'a pas un comportement neutre", rapporte Pierre Espérance, secrétaire exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui met directement en cause la brigade d'opération et d'intervention départementale (BOID), créée en juin pour la région de Port-au-Prince.
"L'unité BOID travaille pour le compte du palais national et n'est pas sous le contrôle de la direction de la police", accuse Pierre Espérance. "Elle est impliquée dans de nombreuses violations systématiques des droits de l'Homme et on ne sait pas quel comportement auront les policiers de cette unité le jour du vote."
La passivité des officiers de la police nationale durant la précédente journée d'élection a par ailleurs été largement dénoncée. Deux personnes ont été tuées le 9 août, lors du premier tour des législatives.
La communauté internationale a appelé jeudi tous les acteurs politiques haïtiens au calme avant la tenue des élections générales dimanche pour éviter la répétition des incidents de la journée de vote en août.
Avec AFP