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Attaques d'Ankara : la Turquie enterre ses morts après le pire attentat de son histoire

La Turquie est en deuil après l'attentat qui a fait 95 morts samedi à Ankara. À Istanbul et à Ankara, comme dans plusieurs villes du pays, ont eu lieu des manifestations contre le président Erdogan, accusé d'avoir relancé les violences dans le pays.

Au lendemain de l'attentat le plus meurtrier de son histoire, la Turquie commence, dimanche 11 octobre, à enterrer les victimes du double attentat qui a fait au moins 95 morts dans une manifestation pour la paix organisée à Ankara.

Alors que trois jours de deuil national ont été décrétés par le gouvernement, les premières obsèques des militants de l'opposition qui ont péri dans cette attaque non revendiquée devraient se dérouler dans la journée.

Selon un communiqué des services du Premier ministre Ahmet Davutoglu, le bilan s'élevait samedi en fin de soirée à 95 morts et 246 blessés, dont 48 se trouvaient toujours en soins intensifs dans les hôpitaux de la capitale.

De son côté, le Parti démocratique des peuples (HDP), formation prokurde qui avait appelé à la manifestation, a assuré dans la nuit sur son compte Twitter avoir établi un bilan de 128 morts.

L'attentat s'est produit samedi à 10h04 heure locale (07h04 GMT). Deux violentes explosions ont secoué les alentours de la gare centrale d'Ankara, où des milliers de militants, qui avaient répondu à l'appel de plusieurs syndicats, d'ONG et partis de gauche, se rassemblaient pour dénoncer la reprise du conflit entre Ankara et les rebelles kurdes.

"Erdogan meurtrier"

Cet attentat particulièrement sanglant intervient à trois semaines des élections législatives anticipées du 1er novembre, dans un climat de forte tension nourri par les affrontements entre les forces de sécurité turques et les rebelles du PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays. Le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une "attaque haineuse contre notre unité et la paix de notre pays" et promis "la réponse la plus forte".

Le président américain Barack Obama a appelé son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour lui exprimer la "solidarité" des États-Unis avec la Turquie contre le "terrorisme". Le président français François Hollande a condamné un acte "odieux" et la chancelière allemande Angela Merkel une attaque contre "les droits civiques, la démocratie et la paix".

Samedi soir, à Istanbul et dans plusieurs villes du sud-est du pays, des milliers de personnes ont conspué le gouvernement aux cris de "Erdogan meurtrier" et "la paix l'emportera". Des manifestations prokurdes similaires se sont déroulées en Europe, notamment en France et en Allemagne.

Le PKK suspend ses opérations

Ahmet Davutoglu a, lui, affirmé détenir de "fortes preuves" que l'attentat avait été commis par deux kamikazes. En l'absence de revendication, le chef du gouvernement soupçonne trois mouvements susceptibles, selon lui, d'en être l'auteur : le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’organisation de l’État islamique (EI) et le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) d'extrême gauche.

Le PKK a annoncé samedi, quelques heures après l'attentat, la suspension de ses opérations avant les élections. "Notre mouvement a décrété une période d'inactivité pour nos forces de guérilla, sauf si nos militants et nos forces de guérilla étaient attaqués", a déclaré l'Union des communautés du Kurdistan (KCK), qui chapeaute la rébellion. "Nous ne ferons rien qui puisse empêcher une élection équitable".

Le HDP a quant à lui explicitement mis en cause le pouvoir. "Nous sommes confrontés à un État meurtrier qui s'est transformé en mafia", a déclaré le chef de file du parti, Selahattin Demirtas. Le HDP, dont une réunion de campagne avait déjà été visée par un attentat à la bombe deux jours avant les législatives de juin, a pointé du doigt la similitude entre l'attentat d'Ankara et celui du 20 juillet à Suruç, près de la frontière syrienne, attribué à l'EI et où 33 militants de la cause prokurde ont été tués.

Avec AFP