
Trois jours de deuil national ont été décrétés en Turquie après la double attaque qui a fait au moins 95 morts samedi dans la capitale. L'attentat, qui n'a pas été revendiqué, pourrait avoir été perpétré par deux kamikazes, selon le Premier ministre.
Le gouvernement islamo-conservateur turc a décidé de décréter trois jours de deuil national après le double attentat commis, samedi 10 octobre, devant la principale gare de la capitale Ankara. Les deux explosions ont fait au moins 95 morts et plus de 200 blessés dans le centre de la capitale turque, ont annoncé les services du Premier ministre, Ahmet Davutoglu, qui avait d'abord donné le chiffre de 86 morts. Le parti prokurde HDP parle lui de 97 morts.
"Il a été décidé de décréter [...] trois jours de deuil national", a déclaré Ahmet Davutoglu lors d'une conférence de presse dans la capitale turque. Le chef de gouvernement a par ailleurs estimé que l'attentat d'Ankara avait très probablement été commis par deux kamikazes. L'organisation de l'État islamique, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et un parti d'extrême gauche firgurent parmi les suspects potentiels, a-t-il encore affirmé.
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— dokuz8 (@dokuz8haber) 10 Octobre 2015D'après des témoins, les deux déflagrations se sont produites à quelques secondes d'intervalle, peu après 10 h (7 h GMT), alors que les participants à une "marche pour la paix" commençaient à se rassembler pour dénoncer la reprise des violences dans le sud-est du pays, à l'appel de syndicats et d'associations de la société civile. La double explosion n'a pas été revendiquée.
Cet attentat intervient à trois semaines des élections législatives anticipées du 1er novembre. Il s'agit de l'attentat le plus grave de ce genre jamais commis sur le sol turc.
Manifestation à Istanbul
En réaction à l'attentat, quelque 10 000 personnes se sont rassemblées à Istanbul samedi soir, pour dénoncer la responsabilité du gouvernement. Derrière une large bannière proclamant "nous connaissons les meurtriers", les manifestants ont conspué le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan et son Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.
Des rassemblements similaires ont été signalés dans l'après-midi, notamment à Diyarbakir, la grande ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, où des incidents ont éclaté entre les manifestants et la police, qui a fait usage de grenades lacrymogènes.
La Turquie vit en alerte renforcée depuis que Recep Tayyip Erdogan a déclenché en juillet une "guerre synchronisée contre le terrorisme", à la fois contre l'organisation de l'État islamique (EI) en Syrie et contre des bases arrière des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak.
Avec AFP et Reuters