Le pape François a rencontré les frères Castro, dimanche à Cuba, après avoir célébré une messe devant une foule gigantesque réunie sur la place de la Révolution à La Havane.
Le pape François a multiplié dimanche à La Havane, au deuxième jour de sa visite, les rencontres avec les fidèles cubains, les religieux, le président Raul Castro et son frère aîné Fidel, dans sa résidence où il vit en retrait du pouvoir pour des raisons de santé.
La rencontre avec celui qui a dirigé Cuba durant un demi-siècle (1959-2008), a duré une quarantaine de minutes et s'est déroulée dans une atmosphère "familière et informelle", selon le père Federico Lombardi, le porte-parole du Vatican.
Le pape a pu converser avec l'ancien élève des jésuites, qui avait décrété un régime athée après la proclamation de la révolution jusqu'en 1992. François lui a offert plusieurs livres religieux et un CD sur les écrits du père Armando Llorente, un jésuite qui avait été enseignant de Fidel Castro lorsque ce dernier était lycéen. Le "líder máximo", 89 ans, lui a fait le cadeau d'un livre d'entretiens avec un théologien brésilien de la libération, Frei Betto.
Dans une vidéo publiée par la télévision d'État cubaine, on pouvait voir un Fidel Castro vêtu de son habituel survêtement et d'une chemise blanche.
Le pape François a aussi rendu une visite de courtoisie à Raul Castro au palais présidentiel. Ni La Havane ni le Vatican n'ont divulgué la teneur de leurs entretiens, mais la réconciliation entre les États-Unis et Cuba, activement soutenue par le pape, a certainement été évoquée.
Samedi soir, le pape avait souligné que Cuba, longtemps isolé par l'embargo imposé par Washington, devait retrouver une vocation de "clé entre le nord et le sud, entre l'est et l'ouest" que la géographie lui avait donnée. Depuis son arrivée sur l’île, le pape aura ménagé le régime cubain dans ses discours, tout en faisant remarquer que "le service" des autres ne doit être "jamais idéologique" dans ce qui apparaît comme une critique voilée du régime communiste.
Toujours est-il que dans certains milieux de l'opposition, l’on se plaint que la réconciliation entre le régime communiste et l'Église se fasse à leur détriment. Et ils déplorent que l'actuel pape, comme Benoît XVI avant lui, n'ait pas accepté de rencontrer une délégation de dissidents. Le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a confié dimanche soir à des journalistes que le Vatican avait bel et bien établi des contacts avec certains dissidents, mais que cela n'avait pas pu se concrétiser.
Par ailleurs, le pape originaire d’Argentine est allé dimanche à la rencontre du peuple cubain lors d'une grande messe à La Havane, point fort de son voyage sur l'île. Sur la place de la Révolution, le souverain pontife a appelé les chrétiens à un engagement concret envers les "plus fragiles". Avant l'office, le pape n'a pas semblé s'apercevoir d'un incident se déroulant dans son dos, quand trois membres d'un groupe dissident cubain ont été arrêtés après avoir tenté de s'approcher du cortège papal en scandant "Liberté, liberté !".
Parmi les quelque 200 000 personnes présentes pour ce moment le plus important de la visite papale de trois jours, certaines avaient passé la nuit sur place pour ne pas manquer cette messe solennelle.
Le Saint-Père quittera Cuba mardi après une messe finale à Santiago de Cuba sur la place de la Révolution, avec pour destination les États-Unis, où l'attendent notamment d'importants rendez-vous au Congrès, à la Maison Blanche et devant les Nations unies.
Avec AFP