Alors que la crise des migrants s’accentue en Europe, le haut-commissaire des Nations-Unies aux réfugiés, Antonio Guterres, a appelé à la retenue mercredi sur France 24, estimant que le continent avait la capacité de gérer cette situation.
La crise des migrants continue de diviser l’Europe. Alors qu’en Hongrie, les tensions se cristallisent autour de l’afflux de nouveaux arrivants sur le territoire, Berlin a de son côté adopté une politique de main tendue, en annonçant un assouplissement des règles d'accueil pour les personnes fuyant la guerre en Syrie.
Décryptage du haut-commissaire des Nations-Unies aux réfugiés, Antonio Guterres, sur l’antenne de France 24.
France 24 : Quel est le message que vous souhaitez envoyer ?
Antonio Guterres : Nous voulons adresser un message commun à l’Union européenne : cette crise est gérable. On parle de 290 000 personnes qui sont arrivées par la mer en Europe, où résident 508 millions d’habitants. Cela représente un habitant pour 1 000. Au Liban, par exemple, c’est un tiers de la population qui est désormais syrienne ou palestinienne. Alors, comparé à d’autres crises dans le monde, c’est une crise parfaitement gérable, s‘il y a coordination, responsabilité, solidarité et répartition équitable entre les pays européens.
itEst-ce envisageable que l’Europe parle d’une seule voix sur la question des migrants ?
Malheureusement pour l’instant, l'Europe ne parle pas d'une voix et adopte des attitudes différentes [En Hongrie, le gouvernement a annoncé mercredi l'envoi de plus de 2 000 policiers à la frontière avec la Serbie pour contenir l’afflux d’immigrés, NDLR]. On observe des positions extrêmement courageuses, comme celle de l’Allemagne, pays qui reçoit aujourd’hui le plus grand nombre de réfugiés en Europe. Des dirigeants politiques allemands ont combattu d’une façon très ferme les manifestations de xénophobie et de racisme qui ont émergé dans le pays. C’est ce courage dont on a besoin partout en Europe, partout dans le monde.
L’Allemagne est donc un modèle en termes d’accueil des migrants ?
L’Allemagne s’illustre par une politique très généreuse en matière d’asile [le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a évalué à 800 000 le nombre de migrants qui pourraient cette année tenter leur chance en Allemagne, NDLR]. Il faut que l’Europe soutienne l’Allemagne, ne la laisse pas seule. Pour que tout cela soit soutenable il faut qu’il y ait un partage équitable de l’effort et de la responsabilité. L’Allemagne donne aujourd’hui un exemple qui devrait être suivi par tout le monde.