Face à la polémique, les organisateurs d'un festival de reggae en Espagne sont revenus sur la déprogrammation d'un chanteur juif américain. Matisyahu devrait se produire comme prévu samedi soir au Rototom Sunsplash, à Benicassim.
Déprogrammé, puis reprogrammé. Le chanteur juif américain Matisyahu pourra finalement bien se produire, le 22 août, au festival de reggae Rototom Sunsplash, en Espagne, malgré les pressions d'un groupe pro-palestinien. Les organisateurs du festival avaient dans un premier temps cédé en annulant le concert, avant de revenir mercredi sur leur décision.
"Le Rototom Sunsplash (...) présente ses excuses les plus sincères à Matisyahu", et "reconnaît son erreur, fruit du boycott et d'une campagne de pressions, menaces et contraintes exercées par BDS [Boycott Desinvestment Sanctions, un lobby pro-palestinien]", ont écrit les organisateurs dans un communiqué.
Ils affirment rejeter "l'antisémitisme et tout type de discrimination religieuse" et "respecter la communauté juive", et invitent le chanteur de reggae de 36 ans, qui faisait partie jusqu'en 2011 du mouvement hassidique Loubavitch, "à monter sur scène le samedi 22, comme prévu initialement au programme". L'artiste n'a pour l'instant pas donné suite.
Les organisateurs sous la pression de BDS
Annoncée le 15 août, à l'ouverture du festival dans la station balnéaire de Benicassim, près de Valence, l'annulation de la prestation de Matisyahu avait déclenché un concert de protestations, y compris de l'ambassade d'Israël et du gouvernement espagnol.
La décision faisait suite à une offensive sur les réseaux sociaux de la section locale de la campagne mondiale non-gouvernementale BDS, qui se définit elle-même comme une "campagne contre la colonisation et l'apartheid de l'occupation israélienne" des Territoires palestiniens. Les militants demandaient au festival qu'il exige du chanteur une condamnation publique de la colonisation. Matisyahu "a dirigé récemment des festivals sionistes, a reconnu aimer Israël et est arrivé à affirmer que 'la Palestine n'existe pas'", dénonçait BDS.
Le festival a reconnu avoir décidé lui-même, sous la pression de BDS, d'annuler la prestation du chanteur juif parce qu'il ne se prononçait pas "clairement contre la guerre et sur le droit du peuple palestinien à avoir son propre État".
Le Congrès juif mondial, fédération d'organisations juives qui avait mené la campagne contre le boycott du chanteur, a "remercié les organisateurs pour avoir reconnu leur erreur", mais souligne que des leçons sont à tirer de cet épisode.
Avec AFP