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Un jihadiste de l'EI avait demandé à l'un des trois suspects du projet d'attaque contre un site militaire des Pyrénées-Orientales de "frapper" en France, a révélé le procureur de la République de Paris. Les trois jeunes hommes ont été mis en examen.

Ismaël.K (17 ans), Antoine.F (19 ans) et Djebril.A (23 ans), les trois jeunes français soupçonnés d’avoir fomenté un attentat terroriste contre un site militaire dans les Pyrénées-Orientales, ont été mis en examen et placés en détention provisoire, a indiqué une source judiciaire samedi 18 juillet.

Selon le procureur de la République de Paris, François Molins, l’organisation de l’État islamique (EI), avait demandé à l'un des trois suspects, Ismaël.K, le plus jeune, de "frapper" en France.

Les trois jeunes se sont connus sur les réseaux sociaux et préparaient ensemble leur départ en Syrie dans la foulée d'un attentat en France. Mais la radicalisation du plus jeune avait été repérée par le renseignement et avait fait l’objet d’une opposition de sortie de territoire, à la demande de sa mère. Ismaël.K a expliqué avoir voulu répondre aux consignes récurrentes de l’EI qui appelle régulièrement ceux qui n’ont pu rejoindre ses rangs à commettre des attentats sur le sol français.

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Le comportement du jeune homme est d’autant plus singulier qu'il est décrit comme un garçon "sérieux", "travailleur", féru d’informatique. Il venait de décrocher une mention "bien" à son baccalauréat, a indiqué une source proche du dossier. "D'après les personnes qui ont pu l'approcher", le garçon "était très réservé", a confié de son côté André Lenquette, le maire de son village, Beuvrages, dans le Nord-Pas-de-Calais. "Mais de là à imaginer que c'était lui pratiquement l'instigateur..."

Tuer des militaires, décapiter le chef et fuir en Syrie

C’est l’aîné de la bande, Djebril.A, ancien marin, qui aurait eu l’idée de s’attaquer au site militaire de Fort Béar, dans les Pyrénées-Orientales, où il avait officié. Les trois jeunes hommes avaient envisagé de tuer des militaires et de décapiter le chef du détachement, en filmant la scène pour la diffuser sur Internet.

L'exécution de ce projet aurait été envisagée pour fin décembre 2015 ou début janvier 2016, mais aucun des trois n'a indiqué, lors de sa garde à vue, avoir choisi cette période en référence à la date anniversaire des attentats de janvier 2015, a précisé François Molins.

"Il était prévu qu'ils se fournissent notamment en armes de poing", a-t-il expliqué. Aucune arme ni explosif n'a été retrouvé à leurs domiciles.

Djebril.A avait été guetteur au sémaphore avant d'être réformé de la Marine "pour troubles d'adaptation au métier de militaire". Son contrat a pris fin en janvier 2015. Il avait des problèmes de santé et aurait pu "nourrir une rancune personnelle contre le chef de détachement", selon une source proche du dossier.

Les militaires sont des cibles récurrentes des jihadistes : Mohamed Merah en avait assassiné trois et très grièvement blessé un, en mars 2012. Des membres de la cellule dite de Cannes-Torcy, démantelée quelques mois plus tard, projetaient d'attaquer des soldats. Et plusieurs militaires déployés dans le cadre de l'opération Vigipirate ont été agressés.

Avec AFP