Huit Parlements européens doivent se prononcer dans les prochains jours sur le nouveau plan d'aide pour la Grèce, conclu lundi par les chefs d’État et de gouvernement de la zone euro. Dans certains pays, les débats risquent d'être houleux.
La voie n'est encore pas totalement libre pour un troisième plan d'aide à Athènes... Avant de débloquer les fonds nécessaires à la survie économique d'Athènes (environ 85 milliards d'euros), huit Parlements de la zone euro devront se prononcer pour valider l'accord durement négocié lundi 13 juillet.
Dans la plupart des pays, le feu vert ne fait pas de doute. Dans certains, comme en Finlande, les débats risquent toutefois d'être houleux. En Belgique, au Luxembourg, à Chypre, en Lituanie, en Italie, en Espagne et au Portugal, le Parlement n'a pas besoin d'être impliqué. Il ne le sera pas non plus à Malte ni en Slovénie.
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Aux Pays-Bas, le ministre des Finances et président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, informera le Parlement mercredi, mais aucun vote n'est nécessaire. De même en Irlande, où le gouvernement n'engagera un débat parlementaire qu'une fois que l'accord final sur un nouveau programme d'aide aura été conclu. Cela pourrait n'avoir lieu qu'en septembre, après la pause estivale du Parlement irlandais qui débute à la fin de la semaine.
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Tour d'horizon des pays de l'UE sollicitant l'aval de leurs députés :
• ALLEMAGNE
Déjà en congé, les députés de la chambre basse du Parlement allemand, le Bundestag, vont être rappelés à Berlin. Le vote allemand doit donner un mandat au gouvernement berlinois pour les négociations proprement dites sur la nouvelle aide. Ensuite, une fois définis les contours exacts du programme d’aide, le Bundestag devra voter à nouveau, mais sans doute seulement dans plusieurs semaines voire plusieurs mois.
Arithmétiquement, l'issue des deux scrutins ne fait aucun doute, la "grande coalition" conservateurs/sociaux-démocrates que dirige la chancelière Angela Merkel disposant de 504 des 631 sièges.
Politiquement, les choses sont plus compliquées pour Mme Merkel. Au sein de son parti conservateur, le camp des mécontents a nettement enflé. Si les refus avoisinaient la moitié des 311 élus du groupe parlementaire CDU/CSU, ce serait un désaveu politique. Jusqu'à présent, les conservateurs ont tempêté mais ont fini par la suivre. L'opposition en a fait autant, pour ce qui concerne les aides à la Grèce.
• GRÈCE
Alexis Tsipras doit convaincre son Parlement d'enregistrer des réformes drastiques. Et la partie est loin d'être gagné... Les députés doivent voter d'ici à mercredi mais les importantes concessions faites aux créanciers font grincer des dents au sein de sa coalition de gauche radicale Syriza.
Cinq députés de l’aile gauche de Syriza avaient même annoncé le 10 juillet qu’ils préféraient une sortie de l’euro qu’un accord impliquant davantage d’austérité pour le pays. Tsipras aura sans doute besoin des d’une partie de l'opposition pour arracher un "oui".
Le syndicat grec des fonctionnaires, Adedy, a d'ores et déjà appelé à une grève de 24 heures mercredi, jour probable du vote au Parlement. Il s'agit de la première grève depuis l'arrivée au pouvoir de Syriza en janvier.
• FRANCE
Le Premier ministre Manuel Valls avait promis la semaine dernière un vote de l'Assemblée nationale en cas d'accord au sommet de la zone euro. "La France refuse que la Grèce sorte de la zone euro", avait-il martelé à la tribune de l’hémicycle.
L'opposition de droite a salué un "bon accord". "Nous nous félicitons qu'un accord ait pu être trouvé (...) conforme à ce que Les Républicains souhaitaient" a indiqué le délégué général au projet des Républicains, Éric Woerth. Le patron des députés LR, Christian Jacob, plaide également pour le "oui". Seuls quelques députés, comme ceux de la Droite populaire comme Thierry Mariani, Philippe Meunier, Jacques Myard et Nicolas Dhuicq, ont annoncé leur intention de voter contre.
Le président François Hollande a indiqué que ce scrutin aurait lieu le mercredi 15 juillet.
• FINLANDE
Le Premier ministre Juha Sipilä doit présenter l'accord négocié à ses partenaires de coalition, notamment au parti eurosceptique des Vrais Finlandais, qui a plaidé pour un Grexit. Le gouvernement doit ensuite présenter sa position à une "grande commission" de 25 députés, sur les 200 que compte le Parlement, qui a déjà voté samedi un mandat de négociation et ne revotera qu'au cas où l'accord présenté ne lui conviendrait pas. La date de cette réunion n'a pas encore été fixée mais elle aura lieu "dans les prochains jours".
• AUTRICHE
Un vote du Parlement est nécessaire et doit avoir lieu vendredi. L'aval des députés ne fait pas de doute, d'autant moins que les Verts, dans l'opposition, devraient dire "oui" à une nouvelle aide.
• ESTONIE
Le Parlement estonien doit se réunir jeudi. L'issue positive du vote est assurée, la coalition au pouvoir disposant d'une solide majorité.
• LETTONIE
"Ce sera très difficile pour moi de convaincre le Parlement", a reconnu Laimdota Straujuma, qui dirige le gouvernement. La date du vote n'est pas encore connue.
• SLOVAQUIE
Le Parlement n'a pas d'obligation légale de voter et il ne sera pas sollicité dans son ensemble. Mais le gouvernement de Robert Fico, réticent jusqu'ici à aider à nouveau la Grèce, demandera un feu vert à la Commission parlementaire aux Affaires européennes, a indiqué à l'AFP le chef de cette commission, Lubos Blaho. Aucune date n'a encore été communiquée.
Avec AFP