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Le FMI estime que la Grèce a besoin de 60 milliards d’euros d’aide en plus

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a cité, vendredi, un rapport du FMI qui appelle à une réduction de la dette et un nouveau plan d'aide de 60 milliards d’euros pour sauver la Grèce. Mais d'autres chiffres circulent.

À ma gauche, 29,1 milliards d’euros ou 61,9 milliards d’euros à ma droite. De combien d’argent la Grèce aurait-elle besoin dans le cadre d’un éventuel troisième plan de sauvetage, après ceux de 2010 et 2012 (240 milliards d'euros) ? Lundi 29 juin, Alexis Tsipras avait chiffré l’aide nécessaire à 29,1 milliards d’euros d’ici à fin 2017. Le Fonds monétaire international (FMI), dans une note d’analyse rendue publique jeudi 2 juillet, voit beaucoup plus grand : il faudrait 51,9 milliards d’euros sur trois ans et 10 milliards d’euros de plus pour palier le deuxième plan de sauvetage.

Les estimations vont donc du simple au triple. “Le chiffrage n’est pas évident car tout dépend des hypothèses que l’on retient concernant le taux de croissance, le surplus budgétaire grec [c’est-à-dire l’excédent du budget sans prendre en compte le remboursement des dettes, NDLR] et la date à laquelle la Grèce pourra de nouveau emprunter sur les marchés”, explique Céline Antonin, spécialiste de l’économie grecque à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

61,9 milliards d’euros plutôt que 29,1 milliards

Alexis Tsipras s’est, en outre, borné à demander des prêts pour couvrir l’argent que la Grèce doit rembourser jusqu’en 2017. Le calcul du FMI prend bien plus de facteurs en compte, comme par exemple “la croissance moins forte que prévue, le manque à gagner à cause des privatisations moins nombreuses et aussi l’obligation de se refaire une trésorerie car le gouvernement a dû faire les fonds de tiroir depuis que les créanciers ne lui versaient plus d’aide”, souligne Céline Antonin.

Pour cette experte, l’estimation du FMI est réaliste car elle prend en compte des facteurs essentiellement objectifs comme la baisse de la croissance et les arriérés de paiement à des collectivités locales grecques.

Ce nouveau chiffrage est une mauvaise nouvelle pour les créanciers européens. Le FMI indique, en effet, que cette aide de 60 milliards d’euros sera suffisante pour faire baisser le poids de la dette sous les 120 % du PIB en 2020 uniquement si elle est accompagnée d’une restructuration de la dette. C’est-à-dire que les créanciers publics devraient, aux yeux de l’organisme, accepter de perdre de l’argent dans l’histoire. C’est ce que demande Athènes depuis le début. En revanche, l’Allemagne devrait mal accueillir cette analyse : Berlin s’est toujours opposé à discuter d’une éventuelle réduction du fardeau de la dette.

Ou 95 milliards d’euros ?

Alexis Tsipras a cité, vendredi, ce rapport du FMI pour appuyer son appel à voter "non" au référendum. La note d’analyse ne va pourtant pas vraiment dans le sens de la politique voulue par Athènes. Ses auteurs préviennent, en effet, que l’effacement d’une partie de la dette va devoir s’accompagner de “réformes structurelles” nécessaires. Les remèdes du FMI en la matière ne devraient pas plaire à la Grèce. L’institution s’est montrée, jusqu’à présent, très dure avec Athènes sur ces questions exigeant, notamment, une réforme des retraites dont le gouvernement grec ne veut pas entendre parler. Il n’y a pas de raison, d’après Céline Antonin, qu’elle se montre soudain plus souple.

Reste qu’Athènes pourrait très bien avoir besoin d’encore plus d’argent si aucune restructuration de la dette n’est mise en œuvre. Il faudrait alors mobiliser 95 milliards d’euros sur 15 ans pour permettre à la Grèce de survivre financièrement jusqu’à ce qu’elle puisse lever de l’argent sur les marchés financiers, d’après une note de l’OFCE. Un "oui" au référendum mettrait le scénario à 95 milliards d'euros de prêts en bonne position. Les dernières propositions de la Commission européenne qui sont soumises au vote ne prévoient aucun allégement du poids de la dette.