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Servi par un casting de luxe (Salma Hayek, Vincent Cassel…), le féérique "Tale of Tales" de l’Italien Matteo Garrone est un hommage aux contes anciens et à ceux qui les racontent. Une ode baroque au charme (très) discret.

Chaque mardi, France 24 se penche sur deux films qui sortent dans les salles françaises. Cette semaine : "Tale of Tales", le conte féérique de l’Italien Matteo Garrone* ; et "Victoria", récit ultra-récompensé en Allemagne d’une virée nocturne berlinoise qui tourne mal.

Après s’être penché sur les réalités de notre temps (la mafia avec "Gomorra", la télé-réalité dans "Reality"), le cinéaste italien Matteo Garrone s’octroie une escapade dans le merveilleux et le féérique avec "Tales of Tales". Librement inspiré de contes populaires napolitains datant du XVIIe siècle, ce détour en territoire costumé se veut une ode baroque au pouvoir des images et de l’imagination, servie par un casting international de luxe qui a contraint le réalisateur à abandonner la langue italienne pour celle de Shakespeare.

Trois histoires discrètement liées entre elles constituent ce "conte des contes". La première suit les infortunes d’un roi et d’une reine (John C. Reilly, Salma Hayek) contraints de pactiser avec le Diable pour assurer une descendance à la couronne. La deuxième relate le désarroi d’une princesse (Bebe Cave) que le père (Toby Jones) marie, par faiblesse, à un ogre des plus effroyables. La troisième, enfin, narre les mésaventures d’un roi (Vincent Cassel) que la concupiscence aveugle pousse dans les bras d’une vieille sorcière aux atours de nymphe à la longue chevelure rousse (Stacy Martin). Au milieu de cet aréopage royal, on trouvera également un inquiétant monstre marin et une adorable puce géante.

Laisser le charme agir

Quête d’idéal, culte de la jeunesse éternelle, poursuite insatiable du bonheur… "Tale of Tales" embrasse les thématiques usuelles des grands récits fondateurs. On pourra toutefois être dérouté par le fait que les trois fables passées à la moulinette Garrone ne s’achèvent, comme le voudrait la tradition littéraire, sur une morale claire et précise.

Très vite, on se rend compte que l’intention du cinéaste n’est pas de verser dans l’allégorie lourdingue qui ferait écho au monde d’aujourd’hui mais bien de rendre, sans tambour ni trompette, ses lettres de noblesse à un genre féérique insidieusement accaparé par l’industrie du cinéma américain, style Walt Disney. À l’image de cette troupe de saltimbanques chargée de divertir la reine Salma Hayek, Matteo Garrone se pose en conteur dont la fonction primordiale est celle de divertir, dans le sens noble du terme.

On sort de "Tale of Tales" certes sur notre faim mais non sans savourer le plaisir de constater qu’il est encore possible de produire des contes en laissant au charme le temps d’opérer. Présenté au tout début du dernier festival de Cannes, où il concourrait pour la Palme d’or, le huitième long-métrage de Matteo Garrone est reparti bredouille de la Croisette. La magie n’aura finalement pas agi très longtemps.

*Cette critique reprend partiellement l’article publié lors de la présentation du film au Festival de Cannes.


-"Tale of Tales" de Matteo Garrone, avec Salma Hayek, Vincent Cassel, John C. Reilly, Toby Jones, Stacy Martin… (2 h 13)