
En quête de respectabilité, le gouvernement de Tripoli met en avant son rôle dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine. Premier volet de la série de reportages exclusifs de l’envoyé spécial de France 24 en Libye Roméo Langlois.
Comme tous les vendredis, les sympathisants de Fajr Libya, le gouvernement de Tripoli, se retrouvent place des Martyrs, au cœur de la capitale libyenne. “Cette manifestation a pour objectif de soutenir les révolutionnaires du 17 février et l’opération de Fajr Libya. Nous sommes contre le terrorisme, nous refusons toutes ses manifestations, et surtout le groupe État islamique” explique Mustafa Ourichi, un sympathisant du pouvoir en place à Tripoli. Les milices de ce gouvernement contrôlent la ville depuis bientôt un an, où elles s’opposent à la branche libyenne de l'organisation de l’État islamique (EI).
Mais la communauté internationale refuse de reconnaître Fajr Libya. Seul le gouvernement de Tobrouk, réfugié à 1 000 km à l’est du pays, est considéré comme légitime. Une situation que déplore Jamal Zubia, porte-parole de Fajr Libya pour les médias étrangers. “Nous n’oublierons jamais ce que la France a fait pour notre révolution. Et nous croyons encore qu’elle peut faire beaucoup pour la Libye, de manière pacifique, elle peut soutenir le véritable pouvoir sur le terrain.”
Un partenaire incontournable pour gérer les flux de migrants ?
Pour se faire entendre à l’étranger, le gouvernement de Tripoli dispose d’un levier de poids : l’immigration clandestine. La Libye étant un pays de transit pour les migrants africains qui cherchent à embarquer pour l’Europe, des milliers de ces candidats à l’exil s’entassent dans les prisons de Fajr Libya.
C’est le cas de Mohamed, un réfugié somalien, qui explique avoir fui les Shebab. “Ils ont tué nos familles, nos femmes, nos sœurs et nos frères. C’est pour ça qu’on a fui et qu’on est venus ici, pour partir en Italie.”
Débordé par les flux de migrants, Tripoli appelle la communauté internationale à l’aide. Le ministre de l’Intérieur de Fajr Libya, Mohammed Shaeiter, veut que l’Union européenne considère son gouvernement comme un “partenaire” : “Il faut que les pays voisins et l'Union européenne coopèrent avec nous, sans politiser la question intérieure libyenne, comme font certains pays européens.”
Terrorisme, immigration clandestine : la Libye a tout d’une bombe à retardement. Pour tenter de la désactiver, la communauté internationale continue de presser ces deux gouvernements rivaux pour qu’ils trouvent une solution politique.