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Dans le viseur de Tsipras, les riches Grecs font profil bas

Alors que le risque de défaut de paiement n’a jamais été aussi imminent en Grèce, les plus démunis, qui ont déjà vu leurs revenus baisser de 80 % en cinq ans, sont plus inquiets que jamais. Mais avec l'arrivée au pouvoir de la gauche radicale, l'inquiétude s'est également installée chez les plus hauts revenus, plus épargnés jusque-là.

La Grèce, un pays de pauvres ? Pas seulement. Pendant des décennies, de grandes fortunes grecques ont prospéré à l’abri, quasi exonérées d’impôts. Les Stavros Niarchos ou Aristote Onasis, issus de grandes familles d’armateurs, ont ainsi profité des années de vaches grasses pour se bâtir une fortune qu'ils aimeraient préserver en dépit de la crise.

Mais le jeune Premier ministre Alexis Tsipras de la gauche radicale prévoit un nouveau tour de vis fiscal visant les grosses fortunes. Alors certaines n’hésitent plus à mettre leurs avoirs à l’abri. Depuis le début de l'année, 35 millions d'euros seraient ainsi partis à l'étranger

La riche économiste Miranda Xafa a sauté le pas il y a déjà plusieurs mois et elle ne s’en cache pas : "Mettre ma fortune en péril ne fait pas partie de mon devoir patriotique. De toutes façons les ‘très riches’ ne sont pas assez nombreux en Grèce, même si on les taxait davantage, ça ne suffirait pas à remplir les caisses de l'État", argumente-t-elle.

L’armateur Nikos Vernicos se refuse encore à l’évasion fiscale. Grâce à la loi, il paye toujours peu d'impôts sur sa société, mais il dénonce le matraquage fiscal sur son patrimoine. Taxe sur l'art, taxe sur l'immobilier, etc.… Les impôts auraient augmenté de 10 % en moyenne ces dernières années pour les plus riches. "Si les impôts augmentent encore le résultat sera négatif. Ce sera contre-productif, car nos revenus vont à nouveau baisser, et c'est mauvais pour la croissance du pays", explique-t-il.

Qu’ils soient riches ou pauvres, tous les grecs ont subi des augmentations d'impôts. Mais si les plus modestes ont vu leurs revenus baisser de 80 % en moyenne, les plus riches n’ont vu leurs revenus fondre que de 15 % à 20 %. Une injustice que les plus modestes n’hésitent plus à pointer du doigt. Pour répondre à cette colère, le gouvernement a promis de nouvelles lois dans les mois à venir, en instaurant notamment une taxe sur les produits de luxe et sur les plus hauts salaires.

Emission préparée par Elom Toble