Deux attentats à Kirkouk et Bagdad, mercredi et jeudi, ont fait environ 66 victimes dont trois soldats américains. Les forces américaines doivent quitter ces deux villes d'ici fin juin dans le cadre d'un accord de sécurité.
AFP - Au moins 66 personnes, dont trois soldats américains, ont été tuées en 24 heures dans une vague d'attentats en Irak, confirmant un regain de violences à quelques semaines du retrait de l'armée américaine des villes irakiennes.
Jeudi, trois attaques ont coûté la vie à 26 personnes, au lendemain d'un attentat qui a fait 40 morts dans un quartier majoritairement chiite de Bagdad, le plus meurtrier en Irak depuis un mois.
Au moins 12 personnes ont été tuées et 25 blessées dans un attentat suicide visant une patrouille de l'armée américaine dans un marché chrétien très fréquenté de Dora, dans le sud de Bagdad, selon les services irakiens de sécurité.
Le kamikaze qui a actionné sa ceinture d'explosifs visait une unité américaine patrouillant à pied.
L'armée américaine a confirmé la mort de trois soldats dans le même quartier lors de l'explosion d'une mine artisanale, sans lier l'incident à l'attentat du marché. Un porte-parole militaire a également confirmé que l'explosion avait fait des blessés, sans préciser leur nombre.
Depuis le début du mois de mai, 17 soldats américains ont péri en Irak.
Au total, 4.299 soldats américains sont morts depuis l'invasion de mars 2003 d'après un bilan établi par l'AFP à partir du site indépendant icasualties.org.
Egalement à Bagdad, une bombe placée dans une poubelle d'un poste de police par un éboueur a tué trois policiers et blessé douze autres et huit civils.
Enfin, à Kirkouk, à 255 km au nord de la capitale, un kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs au milieu d'un groupe de miliciens luttant contre Al-Qaïda, tuant huit personnes et en blessant quatre autres.
Ces attaques interviennent au lendemain d'un attentat meurtrier dans la périphérie de Bagdad. Quarante personnes, en majorité des civils, ont été tuées et 83 blessées dans l'explosion d'une bombe de forte puissance, selon un dernier bilan des sources de sécurité.
Ces violences suscitent l'inquiétude à quelques semaines du désengagement des soldats américains des villes d'Irak et rappellent la difficulté pour les autorités irakiennes à contrôler une situation dont elles ont hérité le 1er janvier.
Aux termes d'un accord de sécurité conclu en novembre entre les deux pays, les forces américaines doivent avoir quitté les villes - où sont commises la majorité des attaques - d'ici fin juin et l'Irak d'ici fin 2011.
Après une baisse graduelle des violences amorcée fin 2007, l'Irak connaît depuis mars un regain d'attentats et d'assassinats, notamment contre la communauté chiite majoritaire.
Avril a ainsi été le mois le plus sanglant en Irak depuis septembre 2008, avec 355 personnes tuées, selon des chiffres officiels. Bagdad et les provinces de Ninive (nord) et Diyala (est) sont les principaux foyers de violences.
Le 29 avril, trois voitures piégées avaient explosé presque simultanément sur des marchés de Sadr City, bastion du chef radical chiite Moqtada Sadr, tuant au moins 51 personnes.
Ces attentats avaient rappelé les attaques coordonnées commises dans des zones chiites en 2006, au plus fort des violences confessionnelles et auxquelles répondaient les miliciens chiites par l'enlèvement et le meurtre de sunnites.
Ils font craindre une escalade des violences si les milices chiites, notamment l'Armée du Mahdi, la puissante milice de Moqtada Sadr, sortaient de leur relative discrétion et répondaient aux attaques imputées aux groupes insurgés et à Al-Qaïda.
Le mouvement sadriste a accusé les services de sécurité d'"avoir abandonné leurs efforts contre Al-Qaïda pour se concentrer sur les fils de l'Armée du Mahdi".