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Procès d’Erri de Luca, un écrivain italien opposé au TGV Lyon-Turin

L'écrivain italien Erri de Luca, accusé d’avoir incité au sabotage du chantier de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, s'est défendu lors de son procès mercredi en déclarant qu'il ne pouvait qu'"inciter à la lecture". Il encourt la prison ferme.

Lors de son procès mercredi 20 mai, à Turin, dans le nord-ouest de l’Italie, Erri de Luca s’est défendu en déclarant qu’il pouvait "inciter à la lecture, à la limite à l’écriture", mais pas au sabotage. L’écrivain italien, auteur de "Montedidio", prix Fémina étranger en 2002 en France, est poursuivi pour incitation au sabotage de la ligne ferroviaire Lyon-Turin lors d'un entretien avec plusieurs médias italiens en 2013.

Interrogé d’emblée sur le sens qu’il donne au mot "sabotage", l’auteur a répondu d'une voix ferme et posée : "Si vous regardez dans le dictionnaire de la langue italienne, 'sabotage' a plusieurs significations: causer des dommages significatifs, certes, mais également empêcher, gêner, faire obstacle".

Selon cet écologiste, longtemps militant d'extrême gauche, la ligne entre Lyon et Turin subit "depuis plus de vingt ans" des "obstacles, des retards", en partie dus à l'opposition de la communauté du Val de Suse, cette petite vallée alpine dont les habitants souhaitent préserver le cadre de vie.

"Si la ligne avait dû être sabotée, ça aurait été fait depuis longtemps", lance-t-il, applaudi par quelques-uns de ses partisans.

"C’est une phrase qui m’a été attribuée"

Puis cet alpiniste chevronné, discret, à la moustache blanche, ajoute : "Je peux inciter à la lecture, à la limite à l'écriture mais c'est tout. Seul le parquet de Turin suppose le contraire".

À une question du procureur, lui rapportant une phrase prononcée lors d'une interview au quotidien "La Repubblica" en septembre 2013, sa voix s'emporte : "J'aurais dit avoir participé à un sabotage ? Non, c'est une phrase qui m'a été attribuée mais que je ne reconnais pas", explique-t-il.

Revenant sur la genèse de son implication au sein du mouvement "No TAV" (non au TGV), à la demande de son avocat Me Gianluca Vitale, l'écrivain explique avoir été depuis 2005 invité à de nombreuses "assemblées publiques" dans le Val de Suse, et avoir participé à plusieurs manifestations. "Mais jamais elles n'ont donné lieu à des actes de violence", assure-t-il.

Erri de Luca encourt un à cinq ans de prison et a déjà annoncé qu'il ne ferait pas appel d'une éventuelle condamnation. La prochaine audience, durant laquelle le procureur prendra ses réquisitions et les avocats plaideront, a été fixée au 21 septembre.

Avec AFP

Tags: Lyon, Italie, TGV,