Après la perte de Ramadi, ville stratégique tombée entre les mains de l’EI, l’armée et les milices chiites préparent leur contre-offensive. Washington se dit confiant dans la reconquête de la ville, située à une centaine de kilomètres de Bagdad.
Après le "revers" constitué par la chute de Ramadi, ville irakienne tombée entre les mains de l’organisation de l’État islamique (EI), les forces gouvernementales irakiennes et des milices chiites se préparaient, mardi 19 mai, à une contre-offensive.
Bagdad avait jusque-là tenu à l'écart les miliciens chiites de la plus grande province d'Irak pour éviter de s'aliéner sa population majoritairement sunnite. Mais face au danger, le gouvernement irakien a fait volte-face et annoncé "l'arrivée de combattants des Unités de mobilisation populaire", composées de volontaires majoritairement chiites.
itLa coalition dirigée par les États-Unis a, de son côté, concentré l'essentiel de son feu aérien dans cette zone, samedi et dimanche. "Nous reprendrons la ville de la même manière que nous sommes en train de reprendre d'autres parties d'Irak, avec la combinaison des forces irakiennes sur le terrain et des frappes aériennes de la coalition", a affirmé lundi un porte-parole du Pentagone, bien que la ville ne soit pas jugée militairement stratégique.
"Regagner la ville dans les semaines à venir"
Les États-Unis disposent d'une centaine de conseillers militaires déployés sur la base d'Al-Assad, à une centaine de kilomètres de Ramadi. Pour Michael Knights, du groupe de réflexion Washington Institute, la proximité de Ramadi avec Bagdad rend probable une contre-offensive rapide. Les forces de Bagdad vont "regagner le terrain dans la plus grande partie de la ville à mon avis assez rapidement, dans les semaines à venir", a-t-il estimé.
Lundi, les Américains ont reconnu que les milices chiites, dont certaines sont soutenues par l'Iran, "ont un rôle à jouer (à Ramadi) tant qu'elles sont sous le contrôle du gouvernement irakien". Déjà impliquées dans la reprise de la ville de Tikrit en mars, ces milices trépignent d'impatience à l’idée d'en découdre à Al-Anbar.
"Demain, si Dieu veut, ces renforts vont rejoindre Ramadi et le début des opérations pour nettoyer la zone récemment conquise par Daech (acronyme arabe de l'EI) sera annoncé", a déclaré Jaafar al-Husseini, porte-parole d’une de ces milices chiites.
24 000 déplacés
La bataille de Ramadi a fait en trois jours au moins 500 morts - civils et soldats - selon des responsables, et environ 24 000 personnes ont fui la cité d'après l'Organisation internationale des migrations (OIM).
Pour les analystes, la reconquête de la province d'Al-Anbar, contrôlée en majeure partie par les jihadistes, sera ardue. Il s'agit du "berceau de la communauté sunnite, qui n'a pas complètement rejeté l'EI, indique l'expert Ayham Kamel, directeur du groupe Eurasia pour le Moyen-Orient. Ce n'est pas qu'elle approuve l'EI, mais elle peut avoir peur ou veut se couvrir. Elle ne va pas se révolter contre l'EI".
Le groupe extrémiste sunnite était présent à Al-Anbar avant même son offensive fulgurante de juin dernier dans le nord et l'ouest de l'Irak. Fort de dizaines de milliers d'hommes, l'EI occupe aussi de vastes régions en Syrie voisine.
L'issue des combats à Ramadi démontre la capacité du groupe terroriste à mener bataille sur plusieurs fronts. À la veille de cette offensive, une attaque pour prendre la ville antique de Palmyre en Syrie, pays en guerre depuis 2011, a été lancée.
Avec AFP