logo

La rébellion touareg du Mali signe l'accord de paix à Alger

Les principaux groupes rebelles du nord du Mali ont paraphé, jeudi à Alger, l'accord de paix adopté en mars par les autorités maliennes et des groupes alliés. Mais les rebelles réclament de nouvelles négociations avant un accord définitif.

Les négociations entre Bamako et la rébellion touareg du nord du Mali semblent sortir de l’impasse. Les principaux groupes séparatistes touareg du nord du pays ont paraphé l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, signé le 1er mars à Alger par les autorités maliennes et des groupes pro-gouvernementaux.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) – qui réunit les différents groupes de la rébellion touareg – a paraphé "en principe" le document à Alger, jeudi 14 mai. Elle a en revanche exclu d’assister à la cérémonie de signature vendredi, à Bamako, n’ayant pas été "consultée" pour la date.

Mais les rebelles ont martelé que de nouvelles négociations seraient nécessaires avant la signature d'un accord définitif. "Le paraphe de ce document et la signature de l'accord définitif sont et demeurent des actes juridiquement distincts", a déclaré Bilal Ag Chérif, responsable de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, rébellion).

Un compromis à l'arraché

Le texte est le fruit d’un compromis obtenu par une médiation internationale réunissant l’Algérie, la France, l’Union européenne et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il prévoit la création d'assemblées régionales aux pouvoirs étendus et reconnaît à l’"Azawad" - nom par lequel les rebelles désignent le nord du Mali - une "réalité humaine et politique".

>> À lire sur France 24 - Nord-Mali : l'impossible réconciliation entre les Touareg et Bamako ?

En revanche, il refuse toujours l’autonomie politique à la région de Kidal. Situé dans le grand nord-est du Mali, Kidal est le foyer du mouvement indépendantiste touareg qui s’est soulevé, en janvier 2012, contre Bamako.

La CMA réclamait que l’Azawad soit reconnue comme "une entité géographique, politique et juridique". Elle demande également la création d'une assemblée interrégionale couvrant cette zone, et un quota de "80 % de ressortissants de l'Azawad" dans les forces de sécurité.

"Dans l'intérêt de la paix au Mali et dans la région"

Malgré ces désaccords persistants, cette approbation représente une avancée. En mars, la CMA avait refusé de signer l’accord estimant qu’il ne répondait pas à ses exigences. Le cessez-le-feu avait ensuite été violé à de nombreuses reprises et les négociations affectées par les combats qui ont opposé, en avril, la CMA à des milices pro-gouvernementales.

Mais Bamako et les médiateurs internationaux ont accentué leurs pressions pour faire plier les séparatistes touareg. Les ministres algérien et français des Affaires étrangères ont appelé mardi à cette signature "dans l'intérêt de la paix au Mali et dans la région", selon Laurent Fabius, qui s'exprimait à Alger avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra.

L’accord est, selon eux, essentiel pour écarter le risque de reprise de la guérilla islamiste. Les séparatistes touareg du nord du Mali se sont alliés en 2012 aux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda avant que ces derniers ne les évincent. Les jihadistes ont ensuite été dispersés et partiellement chassés de cette zone par l’opération Serval lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle du pouvoir central.

Dans un communiqué diffusé jeudi par l'Élysée, le président français François Hollande salue "le paraphe, à Alger, ce jour, de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Il félicite la médiation algérienne qui a mené ce processus depuis de nombreux mois, ainsi que l’ensemble des pays et des organisations internationales qui y ont pris part. (...) Il se félicite de l’engagement pris par les différents groupes armés maliens à renoncer à la lutte armée et à s’engager dans la réconciliation."

Avec AFP et Reuters