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Au sixième jour des manifestations, vendredi, le président burundais Pierre Nkurunziza a pris un ton menaçant envers les protestataires, leur promettant de "sévères sanctions". De nouveaux rassemblements ont eu lieu ce 1er mai, sans affrontement.

Ce fut un vendredi 1er mai tendu, mais sans heurts, au Burundi. Cela fait désormais six jours que l'opposition dénonce la candidature du chef de l’État, Pierre Nkurunziza, à la présidentielle du 26 juin, et les protestataires ont de nouveau manifesté par centaines dans la capitale Bujumbura. Le président a répliqué en les menaçant de "sanctions sévères".

Dans un message télévisé enregistré jeudi et diffusé vendredi, le chef de l'État a incité les manifestants à rentrer chez eux. Jugeant les rassemblement illégaux, il a indiqué qu'une commission judiciaire se pencherait sur ce "mouvement insurrectionnel". "Des sanctions sévères seront prises contre ceux qui seront reconnus coupables", a-t-il mis en garde.

Le défilé du 1er-Mai avec les représentants du pouvoir, boycotté par les syndicats, a été exceptionnellement déplacé hors du centre-ville, sur un terrain de football de la périphérie nord-est de la capitale. Ceci "pour éviter que des manifestants ne surviennent pour troubler la fête", a expliqué à l'AFP le maire de Bujumbura, Saïdi Juma. Le président Nkurunziza, qui brigue son troisième mandat, a de son côté assisté aux festivités à Karuzi, dans le centre du pays.

Trêve de deux jours

Alors que les rassemblements de vendredi se sont déroulés dans le calme, le Collectif contre le troisième mandat a décrété en fin de journée une trêve de deux jours des manifestations. Ce collectif, qui regroupe un millier d'associations de la société civile et les deux centrales syndicales burundaises, a appelé le président Nkurunziza "à profiter de ces 48 heures pour réfléchir aux conséquences de son projet de troisième mandat et à y renoncer avant lundi".

Depuis le début du mouvement de contestation dimanche, près de 600 personnes ont été arrêtées. Au moins sept personnes, six civils et un militaire, ont été tuées et 66 blessées, dans les affrontements avec les forces de l'ordre qui ont émaillé ces rassemblements.

Les Nations unies ont réagi vendredi, dénonçant la répression du mouvement et s'inquiétant de l'usage de balles réelles par les forces de l'ordre. "Nous sommes profondément préoccupés par les mesures prises cette semaine par les autorités burundaises pour réprimer les droits de liberté d'expression et de rassemblement", a déclaré à la presse à Genève le porte-parole de l'agence onusienne des droits de l'Homme, Rupert Colville.

Avec Reuters et AFP