Le Burundi a ordonné l'évacuation des résidences universitaires du pays à partir de jeudi matin, invoquant des "raisons de sécurité". Mais les étudiants, très actifs lors des manifestations des derniers jours, contestent cette décision.
Barda sur la tête, valises au bras ou en équilibre sur une moto, les étudiants de Bujumbura ont évacué, jeudi 30 avril, les résidences universitaires sur ordre des autorités. Elles invoquent des "raisons de sécurité", alors que des manifestations agitent le Burundi depuis cinq jours.
"S'il y avait de l'insécurité ici, on serait les premiers à le constater. La sécurité est totale", maugrée pourtant Léopold, 29 ans, sur le campus de Kiriri, sur les contreforts orientaux de la capitale burundaise.
Jugeant cette mesure "injuste", cet ingénieur en génie civil doit regagner la province de Muramvya, à l'est de la capitale et comprend que les autorités "espèrent que cela permettra l'arrêt des manifestations".
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Une ordonnance du ministre de l'Enseignement supérieur a sommé les étudiants de libérer les chambres universitaires à partir de jeudi 7 h, pour "raisons de sécurité", avec menaces de poursuites contre les récalcitrants.
Mais pour de nombreux étudiants, cette décision vise à les contraindre à rentrer dans leur province d'origine, car le pouvoir les soupçonne de prendre part à l'actuelle contestation contre un éventuel troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.
Les cours ne sont plus assurés depuis 15 jours
Jeudi matin, sur le campus de Kiriri, les étudiants ont décidé de se conformer à l'injonction ministérielle, même si tous la dénoncent.
"Le ministre dit que la sécurité n'est pas assurée, il dit que des manifestants se cachent ici à l'intérieur du campus", explique Jean-Claude, 25 ans, étudiant de la Faculté des sciences et d'ingénierie, affichant une moue sceptique. Mais ses bagages sont prêts, il rentre dans sa province de Bururi, au sud de Bujumbura.
Plusieurs centaines d’étudiants, à la recherche d’un lieu sûr, s’étaient regroupés jeudi soir près de l’ambassade des États-Unis et s’y trouvaient encore vendredi matin, selon l’agence Reuters.
Depuis 15 jours, les professeurs n'assurent plus de cours sur les différents campus de l'Université du Burundi à cause des tensions autour de la détermination de Pierre Nkurunziza à briguer un troisième mandat, que ses opposants jugent inconstitutionnel.
La désignation du chef de l'État, samedi, comme candidat de son parti, le Cndd-FDD, à la présidentielle a déclenché des manifestations à Bujumbura. De nombreux heurts ont éclaté avec la police, qui bloque les protestataires dans les quartiers périphériques de la capitale, les empêchant de rejoindre le centre-ville pour s'y rassembler.
Les étudiants sont largement opposés à un troisième mandat du président sortant et nombre d'entre eux ont pris part à la contestation dans les quartiers.
Avec AFP et Reuters