Dix-sept films concourront pour la Palme d'or entre le 13 et 24 mai. Parmi les réalisateurs en compétition de ce Festival de Cannes 2015, on trouve des habitués - Van Sant, Moretti, Audiard -, mais aussi des nouveaux venus…
Il est une loi cannoise que les festivaliers ne connaissent que trop : sur la Croisette, l’excellence n'intervient qu’une année sur deux. Après un exceptionnel cru 2013 et une édition 2014 en demi-teinte, Cannes 2015 devrait être, selon la logique, une grande quinzaine.
La sélection officielle (compétition, hors compétition et Un certain regard) dévoilée jeudi 16 avril depuis Paris par le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, flanqué de son nouveau président, Pierre Lescure, est en tous cas à la hauteur des espérances. Entre le 13 et le 24 mai prochain, concourront pour la Palme d’or des grands noms du cinéma, mais aussi de jeunes pousses qui n’avaient pas encore eu les honneurs d’une sélection en compétition.
"Une belle année pour le cinéma français"
Parmi les 17 réalisateurs retenus pour la course à la Palme d’or (choisis parmi quelque 1 850 cinéastes ayant soumis leur travail au comité de sélection), figurent quatre auteurs qui joueront à domicile. "Une belle année pour le cinéma français", s’est félicité Thierry Frémaux.
Outre Emmanuelle Bercot qui aura, avec "La Tête haute" (hors compétition), la lourde charge d’ouvrir les hostilités (et permettra à Catherine Deneuve, son actrice principale, d’être parmi les premières à gravir les fameuses marches), Jacques Audiard sera de la partie. Librement inspiré des "Lettres persanes" de Montesquieu, "Dheepan", son septième film, narre les mésaventures d’un réfugié tamoul en France.
Surprise du chef, le Breton Stéphane Brizé fera quant à lui ses premiers pas en compétition avec "La Loi du marché", drame social servi par Vincent Lindon, son acteur d’élection. Baptême du feu également pour Valérie Donzelli, et son "Marguerite et Julien", d'après un scénario à l'origine destiné à… François Truffaut. Quatre ans après "Polisse", Maïwenn revient pour sa part avec "Mon roi", une histoire d’amour réunissant Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel et Isild Le Besco. Deux réalisateurs, deux réalisatrices : parité respectée donc du côté français.
Mais peut-on désormais imaginer un Festival de Cannes sans Marion Cotillard ? Déjà présente lors des trois dernières compétitions, l’actrice française sera de nouveau appelée à monter les marches pour le "Macbeth" de l’Australien Justin Kurzel (auteur du très âpre "Les Crimes de Snowtown"), dont elle partage l’affiche avec Michael Fassbender. Glamour, glamour...
Chez les Nord-Américains, deux revenants : le déjà palmé Gus Van Sant et Todd Haynes. Le premier présentera "The Sea Of Trees", soit les errances de Matthew McConaughey entre les États-Unis et le Japon. Cinéaste moins prolixe, le second racontera dans "Carol" l’amour entre deux femmes (Cate Blanchett et Rooney Mara) dans le New York des années 1950. Pour la première fois en lice, le Canadien Denis Villeneuve défendra "Sicario", dans lequel Benicio del Toro, Josh Brolin et Emily Blunt tâchent de lutter contre l’immigration clandestine à la frontière mexicaine.
Forza Italia
L’Italie offre le plus gros contingent étranger de la compétition. Récipiendaire d’une Palme d’or en 2001, Nanni Moretti tentera d'intégrer le club fermé des double-palmés avec "Mi Madre". Matteo Garrone présentera "Le Conte des contes" et, grand habitué du Festival, Paolo Sorrentino fera le déplacement avec "La Giovinezza" et son casting américain (Michael Cain, Jane Fonda, Rachel Weisz, Paul Dano).
La Grèce aura son représentant en la personne de Yorgos Lantimos. L'auteur des troublants "Canine" et "Alps" fera sa première apparition en compétition avec "The Lobster", l’histoire de pauvres hères contraints de trouver l’amour sous peine d’être transformés en animaux (avec Colin Farrell, Rachel Weisz, Léa Seydoux…). Côté européen toujours, le Norvégien Joachim Trier (on se souvient de l'excellent "Oslo, 31 août") défendra "Louder than Bombs" et son alléchante distribution (Isabelle Huppert, Jesse Einsenberg, Gabriel Byrne). Hôte inattendu, le Hongrois Laszlo Nemes (assistant de Béla Tarr, rien que ça) concourra avec un premier film, "Le Fils de Saul", une plongée dans l’horreur d’Auschwitz qui, dixit Thierry Frémaux, devrait susciter le débat.
En ce qui concerne le cinéma asiatique, on se félicitera du retour en compétition du Chinois Jia Zhangke ("Mountain May Depart"). À noter également la sélection du Taïwanais Hou Hsiao-hsien ("The Assassin") et du Japonais Hirokazu Kore-eda ("Our Little Sister").
Comme chaque année, Thierry Frémaux s’accorde le droit d’ajouter d’autres films à sa sélection. Ce qui laisse une chance aux pressentis qui n’ont, pour l’instant, pas encore trouvé de place dans les sections officielles. On pense à Terrence Malick, Arnaud Desplechin, Gaspar Noé, Jeff Nichols, Sean Penn ou encore Apichatpong Weerasethakul. Boudés ou pas encore prêts ? Réponse dans quelques jours...
Woody Allen, Mad Max, Amy Winehouse…
Seront présentés en séances spéciales ou de minuit, c’est-à-dire hors compétition, des films tout aussi attendus. Citons en premier chef "Irrationnal Man" de Woody Allen, que Thierry Frémaux ne parvient toujours pas à convaincre de jouer le jeu de la compétition, "Mad Max Fury Road", le tant annoncé "reboot" de la saga post-apocalyptique de George Miller avec Tom Hardy et Charlize Theron en as du volant, le premier film de Natalie Portman en tant que réalisatrice ("Une histoire d’amour et de ténèbres"), le documentaire sur la regrettée diva soul Amy Winehouse ou encore la dernière production des studios Pixar-Disney, "Vice Versa".
Le Festival de Cannes se déroulera du 13 au 24 mai. Le jury de la compétition sera présidé par des habitués de la Croisette : les réalisateurs Joel et Ethan Coen.
En compétition :
DHEEPAN de Jacques Audiard
LA LOI DU MARCHÉ de Stéphane Brizé
MARGUERITE ET JULIEN de Valérie Donzelli
LE CONTE DES CONTES de Matteo Garrone
CAROL de Todd Haynes
MOUTAINS MAY DEPART de Jia Zhang-Ke
THE ASSASSIN de Hou Hsiao Hsien
NOTRE PETITE SŒUR de Hirokazu Kore-eda
MACBETH de Justin Kurzel
THE LOBSTER de Yorgos Lanthimos
MON ROI de Maïwenn
MIA MADRE de Nanni Moretti
SAUL FIA de Laszlo Nemes
LA GIOVINEZZA de Paolo Sorrentino
LOUDER THAN BOMBS de Joachim Trier
THE SEA OF TREES de Gus Van Sant
SICARIO de Denis Villeneuve