
Le président vénézuélien Hugo Chavez a autorisé son parti à déposer un "amendement constitutionnel" qui permettrait sa réélection. Alors qu'il doit, en principe, quitter le pouvoir en 2013, il s'est dit prêt à gouverner "jusqu'en 2021".
AFP - Après un succès en demi-teinte aux élections régionales, le président du Venezuela, Hugo Chavez, a repris l'offensive, en relançant un projet de réforme constitutionnelle afin d'obtenir le droit de se représenter indéfiniment.
"Je donne mon autorisation au PSUV (le parti socialiste unifié du Venezuela) et au peuple vénézuélien pour lancer le débat et les actions pour obtenir cet amendement constitutionnel et la réélection du président", a annoncé dimanche M. Chavez, lors d'une cérémonie publique à Caracas.
Le dirigeant socialiste de 54 ans, qui ne cache pas son admiration pour la longévité politique de son mentor cubain Fidel Castro, s'est dit "prêt" à gouverner "jusqu'en 2021", date symbolique qui marquera le bicentenaire de la dernière grande bataille d'indépendance au Venezuela.
"Je suis prêt à être avec vous, si Dieu le veut et me donne la santé, jusqu'en 2019, jusqu'en 2021", a clamé M. Chavez, qui fêtera jeudi prochain les dix ans de sa première élection à la tête de ce puissant Etat pétrolier.
La législation actuelle interdit au président de briguer un nouveau mandat. Réélu il y a deux ans, ce dernier doit en principe abandonner les rênes du pouvoir en 2013.
Il y a un an, l'homme fort du Venezuela, qui a récemment renforcé ses liens avec l'Iran et la Russie, avait déjà proposé aux électeurs d'adopter une nouvelle Constitution d'inspiration socialiste qui jetait les bases d'un modèle collectiviste et surtout supprimait la limite des mandats présidentiels.
Cette tentative avait été rejetée d'une courte tête par référendum, constituant le premier revers électoral et un échec cuisant pour le chef de l'Etat qui avait reproché aux électeurs d'avoir "une dette" à son égard.
A l'époque, il semblait avoir accepté le verdict des urnes, assurant qu'il n'"insisterait pas sur ce thème".
Les élections régionales du 23 novembre dernier, présentées par les observateurs comme un test pour sa révolution "bolivarienne", ont marqué un revirement.
Le gouvernement, dont les partisans contrôlent le parlement, avait averti à l'avance qu'en cas de succès probant, le PSUV présenterait un nouveau projet de révision constitutionnelle.
Le parti gouvernemental n'a remporté qu'une victoire relative à ce scrutin local, gagnant dans la plupart des Etats, mais essuyant des défaites dans les plus peuplés et les plus riches, ainsi que dans la capitale.
Selon le politologue vénézuélien Luis Vicente Leon, de l'institut privé Datanalisis, "les symboles remportés par l'opposition sont plus importants que prévus" car les Etats qu'elle dirige représente 70% de l'activité économique du pays.
Ces résultats ont ravivé la détermination du chef de l'Etat qui accuse régulièrement ses détracteurs de conspirer contre lui avec l'aide des Etats-Unis, depuis un coup d'Etat avorté à son encontre en avril 2002.
"Maintenant, on voit plus clairement la grande menace qui s'avance devant le peuple vénézuélien avec ces fascistes", avait-il commenté après le scrutin régional.
Le calendrier et les modalités de la future réforme constitutionnelle, qui promet d'ores et déjà une bataille d'experts juridiques, n'ont pas été précisés.
M. Chavez, qui jouit toujours d'une forte popularité de plus de 50% auprès de la population selon les sondages, a appelé ses partisans à prendre les "actions nécessaires au Parlement et dans la rue".
L'un des responsables du PSUV, le général Alberto Müller, a justifié ce projet, en estimant que le président vénézuélien jouait "un rôle symbolique dans l'unité et la stabilité du système".