L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït ont promis vendredi 12 milliards de dollars d'aide à l'Égypte lors d'une conférence économique à Charm-el-Cheikh. Les États-Unis, en revanche, se sont contentés d'un discours.
L'annonce des trois puissances du Golfe est intervenue dès le début de la conférence de Charm-el-Cheikh. L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït ont promis vendredi 13 mars 12 milliards de dollars d'aide à l'Égypte. Cette conférence était également destinée à renforcer la stature du président Abdel Fattah al-Sissi qui s'affiche en champion de la lutte antiterroriste.
Les États-Unis, en revanche, représentés à cette réunion par le secrétaire d'État John Kerry, sont venus les mains vides et se sont contentés d'affirmer leur "engagement" pour la "sécurité" et la "prospérité" de leur allié militaire arabe avec lequel les relations sont tumultueuses.
Se succédant à la tribune, l'émir du Koweït cheikh Sabah al-Ahmed Al-Sabah, le prince héritier saoudien Moqren ben Abdelaziz et le vice-président et Premier ministre émirati Mohammad ben Rachid al-Maktoum ont annoncé chacun quatre milliards de dollars pour Le Caire, l'essentiel en investissements, et trois milliards en dépôts à la banque centrale.
Sissi tout sourire
Le président Sissi était tout sourire en recevant ses alliés arabes à l'ouverture de cette ambitieuse conférence qui se tient jusqu'à dimanche, dans la station balnéaire de la mer Rouge, afin d'attirer des capitaux étrangers. Il s'agit pour le chef de l'État égyptien de relancer une économie secouée par quatre années d'instabilité politique depuis la révolte qui chassa en 2011 Hosni Moubarak du pouvoir.
La présence de 100 pays - dont les puissances du Golfe, des États africains, européens et la Chine - donne à la réunion de Charm-el-Cheikh une forte coloration diplomatique, censée renforcer l'influence de Sissi sur la scène internationale.
Car même s'il réprime violemment toute opposition, Abdel Fattah al-Sissi demeure un allié incontournable pour les Occidentaux dans le monde arabe, où le groupe État islamique (EI) grignote du terrain en Égypte et en Libye, après avoir conquis des territoires en Syrie et en Irak.
Kerry irrité
Mais Washington n'a fait aucune annonce nouvelle d'aide au Caire, pas même le déblocage attendu d'une dernière enveloppe d'assistance militaire de 650 millions de dollars.
Les États-Unis allouent en principe chaque année 1,5 milliard de dollars d'aide à l'Égypte, dont 1,3 milliard dans le domaine militaire. Mais une partie avait été gelée après la destitution par l'armée du président Mohamed Morsi en 2013 et conditionnée à des réformes démocratiques.
Dans un discours exceptionnellement bref et terne, relégué à la 15e place dans l'ordre des intervenants, John Kerry, visiblement irrité, s'est borné à "promettre le plein engagement des États-Unis pour la sécurité, la prospérité et la paix que désirent et que méritent les Égyptiens".
Comme pour illustrer le dilemme de l'Amérique à l'égard de son allié arabe, il a dit aussi "espérer voir davantage de progrès dans la réalisation des aspirations démocratiques du peuple égyptien".
Comme d'autres capitales occidentales, Washington s'émeut régulièrement de la sanglante répression que Le Caire mène contre les partisans de l'ex-président Morsi.
Attentats quasi-quotidiens en Égypte
Abdel Fattah al-Sissi réclame la formation d'une force arabe pour juguler la menace islamiste armée, qui sera au menu du sommet de la Ligue arabe fin mars. Il a récemment indiqué que l'Arabie saoudite, le Koweït, les Émirats arabes Unis et la Jordanie pourraient s'impliquer dans ce projet.
Dans son pays, ses objectifs de stabilité et de sécurité pourraient être contrariés par les attentats revendiqués quasi quotidiennement par des jihadistes et visant la police et l'armée en représailles, selon eux, à la répression anti-islamiste.
Soldats et policiers égyptiens ont tué plus de 1 400 partisans de Morsi depuis 2013 et emprisonné plus de 15 000 sympathisants islamistes. L'ONU et les États-Unis ont maintes fois dénoncé les "procès de masse expéditifs" au terme desquels des centaines d'opposants pro-Morsi ont été condamnés à mort.
Avec AFP