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Fin de la coopération sécuritaire avec Israël : ce que l'OLP veut y gagner

Les dirigeants palestiniens ont annoncé jeudi leur intention de suspendre la coopération sécuritaire avec Israël en Cisjordanie, effective depuis plus de 20 ans. Quelles conséquences pourrait avoir cette rupture si elle se confirmait ?

Les dirigeants palestiniens ont souvent brandi la menace de rompre la coopération avec Israël pour assurer la sécurité en Cisjordanie, mais le comité central de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ne l'avait jamais recommandé. Jeudi 5 mars, il a sauté le pas.

"La coordination sécuritaire va cesser", a affirmé Ahmad Abdelrahman, membre de l’OLP. "Israël doit endosser ses responsabilités vis-à-vis du peuple palestinien dans les territoires occupés de Palestine en tant que pays occupant, conformément au droit international." Les dirigeants palestiniens entendent forcer Israël à jouer pleinement son rôle d'occupant, quitte à renoncer à leur propre pouvoir.

>> À lire sur France 24 : "Comment fonctionne la coopération sécuritaire entre l’Autorité palestinienne et Israël"

C'est maintenant au comité exécutif de trancher, aucun calendrier n'a pour l’instant été communiqué.

Une réponse politique aux autorités israéliennes

Ce qui n’est pour l’instant qu’une recommandation vise à protester contre la poursuite de la colonisation israélienne et la suspension depuis janvier du transfert à l'Autorité palestinienne du montant des taxes collectées en son nom par Israël, au motif qu'elle a demandé l'adhésion à la Cour pénale internationale. "Le comité central voulait frapper un grand coup, c’est fait avec cette décision", explique Gallagher Fenwick, correspondant de France 24 à Jérusalem.

La coopération sécuritaire entre les forces de sécurité palestiniennes et ses homologues israéliens date des accords d'Oslo, en 1993. Elle n'a été interrompue qu'une fois, lors de la deuxième intifada en 2000, et pourrait donc l’être à nouveau. Sur l’antenne de France 24, Moustafa Barghouti, membre du comité central de l’OLP, a qualifié la décision rendue jeudi de "tournant" : "D’une certaine façon, Israël a ‘tué’ [les accords d’] Oslo, c’est ce que les Palestiniens veulent faire savoir."

Si la coopération sécuritaire israélo-palestinienne était effectivement suspendue, l'État hébreu devrait seul assumer seul de nombreuses responsabilités jusqu’ici partagées : le maintien de l'ordre, le trafic routier, la coordination aux points de passage, l'octroi des laissez-passer et d'autres fonctions administratives (état civil, gestion des hôpitaux, etc.). Concrètement, Israël serait contraint de renvoyer ses soldats dans toutes les villes et localités palestiniennes, une perspective peu engageante pour un pays en pleine campagne électorale en vue des législatives du 17 mars.