Les Qatariens défrayent régulièrement la chronique lorsqu'ils achètent le PSG, le Royal Monceau ou encore des parts dans British Airways. Mais ils investissent aussi des milliards d'euros pour développer leur propre pays, encore désertique et pauvre il y a 50 ans. Reportage.
Après la Coupe du monde de handball il y a quelques semaines, le Qatar doit organiser les Mondiaux d’athlétisme en 2019 et, consécration pour ce petit pays, le Mondial-2022 de football. Depuis l'attribution controversée de cette Coupe du monde, Doha dépense sans compter. Les projets d'infrastructures devraient coûter 175 milliards d’euros.
"Le Qatar est devenu la capitale mondiale du sport", se félicite Khalid al-Sulaiteen, le PDG d’Aspire Zone Foundation, le centre sportif high-tech de Doha. "Et je crois qu'avec nos installations, nous avons vraiment fait des progrès puisque désormais, le Qatar possède des stades mais sait aussi organiser des événements à la perfection."
Cette modernisation à marche forcée ne concerne pas que le domaine sportif et ne surprend plus personne. Ainsi, le plus vaste chantier du pays n’est rien d’autre que Lusail, une ville nouvelle aux portes de la capitale, qui pourrait accueillir jusqu’à 200 000 habitants. Il y a quelques années, il n’y avait ici que du sable.
"L'un des défis sera de trouver comment remplir toute cette offre résidentielle et ces bureaux. Leur espérance, c’est qu’il y ait moins de travailleurs, et plus de cols blancs. Ils aimeraient une transition vers une économie du savoir", explique Anna Grichting, professeur d'urbanisme à la Qatar University.
Faire du Qatar un pôle de compétences intellectuelles pour ne pas dépendre des hydrocarbures, c’est l'un des objectifs des autorités. Pour l’instant, l’économie repose sur les étrangers, qui représentent 90 % de la population.
Mais les autorités entendent "qatariser" les postes à responsabilité. Elles invitent et financent l’installation à Doha d'universités reconnues à travers le monde – américaines, britanniques et, en plein cœur du quartier des affaires, HEC Paris.
Ce modèle de développement sera-t-il rentable sur le long terme ? La prospérité du pays est telle qu'il a le temps de voir venir. Il détient le PIB par habitant le plus élevé au monde. Et selon les experts, ses réserves de gaz naturel devraient durer encore 150 ans.