Une importante manifestation a eu lieu, mardi, à Alger contre le gaz de schiste, en solidarité avec les populations des provinces sahariennes où des forages expérimentaux sont réalisés. La population s'inquiète des conséquences sur l'environnement.
À l'appel de plusieurs formations de l'opposition, les Algérois ont défilé en masse, mardi 24 février, pour protester contre le gaz de schiste, en signe de solidarité avec les populations des provinces sahariennes où des forages expérimentaux sont réalisés par la compagnie publique Sonatrach avec des partenaires étrangers.
Un important dispositif policier était mis en place tôt mardi matin autour de l'esplanade de la Grande poste au cœur d'Alger où les manifestations restent interdites. Des policiers des brigades anti-émeute se sont déployés avant la levée du jour. La date de cette mobilisation a coincidé avec le 44e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures en Algérie.
Les manifestants, qui brandissaient des pancartes disant "non à l'exploitation du gaz de schiste" ou "nous sommes tous des In Salah" (premier site d'exploration dans le Sahara algérien), se sont heurtés au dispositif policier qui leur barrait l'accès à l'esplanade de la Grande Poste.
Sonatrach "ne va pas interrompre" les forages d'exploration de gaz de schiste à Ain-Salah, a martelé son PDG Saïd Sahnoule le 8 février devant la presse à Alger. Et ce, bien que fin janvier, le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait affirmé que les forages pilotes seraient "achevés à brève échéance" et que l'exploitation proprement dite n'était "pas encore à l'ordre du jour".
Quatrième réserve mondiale de gaz de schiste
Le ministre de l'Energie Youcef Yousfi a annoncé, le 23 février, la création prochaine d'un observatoire national de prospection du gaz de schiste qui aura pour mission le suivi et le contrôle des opérations de prospection. Cet observatoire "autonome" regroupera "toutes les parties y compris des représentants de la société civile", avait précisé le ministre à la radio.
À Ain-Salah, la ville la plus proche des lieux de forage, des manifestations se poursuivent sans discontinuer depuis deux mois pour exiger l'arrêt des explorations.
L'Algérie compte investir massivement dans le gaz de schiste afin de compenser la baisse de ses revenus pétroliers mais se heurte à l'hostilité des populations vivant près des gisements, inquiètes des conséquences de ces forages sur l'environnement.
Selon des études internationales, l'Algérie possède la quatrième réserve mondiale récupérable de gaz de schiste, après les États-Unis, la Chine et l'Argentine.
Avec AFP