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Le pouvoir birman est confronté à une reprise des combats dans le nord du pays entre l'armée régulière et des groupes rebelles. Ces affrontements ont provoqué depuis dix jours la fuite de près de 90 000 civils.

Les affrontements ont repris en Birmanie. Alors que ce pays longtemps dirigé par une junte militaire a entamé il y a quatre ans une difficile transition démocratique, le nord du pays est à nouveau miné depuis le 9 février par des combats opposant rebelles et armée birmane.

Le gouvernement, qui a mis fin en 2011 au pouvoir dictatorial de l'armée et ouvert au monde ce pays isolé depuis des décennies, avait annoncé en début d'année qu'il espérait signer un accord avec plusieurs groupes armés à l'occasion de la fête nationale, le 12 février. Mais les négociations ont échoué et des combats ont éclaté le long de la frontière chinoise, obligeant les autorités birmanes à décréter, mardi 17 février, l’état d’urgence dans la région du Kokang.

"Une situation grave s'est développée qui met en danger la vie des populations, donc l'état d'urgence a été déclaré à partir d'aujourd'hui", a annoncé mardi dans un communiqué le ministère birman de l'Information. Dans une annonce séparée, les autorités ont indiqué que le chef de l'armée avait maintenant le contrôle total sur les "lois et la stabilité" dans la région.

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Les pourparlers avec la myriade de groupes armés ethniques du pays sont toutefois toujours en cours, d'après le pouvoir birman, qui est face à un dossier particulièrement complexe puisque ces régions du Nord, sources d'énormes richesses (jade, rubis, or...), attisent les convoitises.

Il est impossible d'expliquer clairement ce qui a provoqué la reprise des combats. Depuis le début de l'année, les affrontements ont en effet repris de plus belle dans les États de Kachin et de Shan et certains conflits éteints, comme celui de la région de Kokang, ressurgissent.

Les autorités birmanes accusent toutefois Phone Kya Shin, le chef rebelle kokang, d'être à l'origine de cette flambée de violences et ont appelé Pékin à freiner les fonctionnaires locaux qui pourraient aider le groupe depuis l'autre côté de la frontière.

Près de 90 000 civils ont déjà fui les combats

Fait rarissime, l'armée birmane avait reconnu avoir perdu une cinquantaine d'hommes la semaine dernière. Elle a, depuis, lancé des raids aériens contre les positions des rebelles faisant des dizaines de morts dans leurs rangs.

Ces affrontements ont déjà provoqué la fuite de près de 90 000 civils, ont indiqué mercredi les autorités birmanes locales. Des villes et des villages entiers se sont vidés et des réfugiés continuaient d'affluer vers la ville de Lashio, distante de 140 km de Laukkai, épicentre des combats dans cette région pourtant apaisée depuis six ans, a constaté une journaliste de l'AFP. Quelque 30 000 personnes auraient également passé la frontière pour se réfugier dans la province chinoise voisine du Yunnan, inquiétant Pékin qui y voit une menace pour la sécurité de ses frontières.

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Dans un tel contexte, la fuite des habitants de la région ne se fait pas sans victimes. Un camion de la Croix-Rouge transportant des dizaines de personnes fuyant les combats a été la cible de tirs mardi matin, tuant une personne et en blessant une autre, ont indiqué les pompiers à l'AFP.

En réaction, les groupes d'aide locaux ont officiellement suspendu l'évacuation des civils.

Avec AFP