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Les Français arrêtés en Italie seraient des dirigeants d’Al-Qaïda

Arrêtés en novembre 2008 en Italie, deux Français sont accusés d'avoir préparé des attentats en Europe pour le compte d’Al-Qaïda. Pour l'expert Mathieu Guidère, ils sont parmi les plus haut gradés jamais arrêtés sur le sol européen.

Les autorités italiennes ont accusé, mardi, deux Français d’occuper des rôles importants dans les opérations d’Al-Qaïda en Europe, notamment dans le domaine de la communication des militants et de la préparation d’attentats.

Les deux hommes, Bassar Ayachi et Raphaël Gendron, avaient été arrêtés en novembre à Bari, dans le sud du pays, pour une affaire de trafic d’immigrants.

Selon la justice italienne, l’enquête aurait révélé des activités djihadistes de la part des suspects, dont des cyber-opérations djihadistes et la préparation d’attaques en Europe occidentale.

Les enquêteurs auraient découvert un réseau d’activités djihadiste en ligne s’étendant de l’Italie à la Belgique, où les deux hommes avaient opéré avant de rejoindre l’Italie. Selon la justice italienne, leurs opérations visaient de nombreux pays, dont la France et l’Afghanistan.

Deux enquêtes dans deux pays

“Ce sont des dirigeants d’Al-Qaïda en charge des communications principalement en Europe“, affirme Mathieu Guidère, expert en groupes radicaux et terroristes à l’Université de Genève.

Mathieu Guidère considère que la portée de cette affaire est considérable. “Cette affaire est intéressante parce que les deux hommes ont atteint le stade du recrutement de kamikazes, explique l’expert. Dans les dossiers antérieurs, jamais ce stade là n’avait été atteint. Les enquêteurs ont trouvé des enregistrements de testaments de futurs kamikazes.“

Bassar Ayachi, un imam d’origine syrienne âgé de 63 ans, et Raphaël Gendron, un électronicien de 33 ans converti à l’islam, sont accusés d'avoir "projeté et organisé des attentats terroristes et des actions de guérilla".

Après leur arrestation en novembre en Italie, la police a découvert des documents reliant les deux hommes au réseau al-Qaïda sur des CD et des clés USB, rapporte Alexis Masciarelli, correspondant de FRANCE 24 à Rome.

Pendant ce temps, les autorités belges surveillaient déjà les deux Français pour leurs liens supposés avec Al-Qaïda.

En janvier, une cour d’appel de Bruxelles avait reconnu Raphaël Gendron et le fils de Bassar Ayachi coupables d’incitation à la haine raciale à l’encontre des juifs après des propos tenus sur le site web djihadiste belge "Minbar". Le site a été retiré de la Toile.

Ayachi et Gendron dirigeaient également un centre islamique à Molenbeek, une banlieue de Bruxelles, qui possédait sa propre mosquée et formait de imams.

Selon Mathieu Guidère, le site officiel de Molenbeek incluait également de la propagande pour les opérations d’Al-Qaïda en Europe.

“Des cibles classiques d’Al-Qaïda”

Les autorités italiennes ont affirmé qu’Ayashi et Gendron prévoyaient une attaque sur l’aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, se basant sur des enregistrements de conversations entre les deux hommes en prison, sans fournir toutefois plus de détails.

“Les attaques qu’ils planifiaient sont traditionnelles dans le sens où elles visent des bâtiments officiels, et plus particulièrement des aéroports, explique Mathieu Guitère. Ce sont des cibles classiques d’Al-Qaïda."

De son côté, la ministre française de l’Intérieur, Michelle Alliot-Marie, a déclaré que la France ne disposait d'"aucun élément" accréditant une menace d'attentat sur l'aéroport de Roissy.

Dans un discours au Parlement,  la ministre a précisé que "les deux suspects étaient connus pour leur propagande et leur appartenance à des filières de recrutement".