Choix des cibles, échanges de tirs avec la police… Bien que la double fusillade meurtrière de Copenhague n’ait pas été revendiquée, des éléments tendent à montrer que son auteur ait voulu imiter les attaques perpétrées à Paris le mois dernier.
L'homme, abattu dimanche 15 février par la police danoise au lendemain de la double fusillade qui a fait deux morts et cinq blessés à Copenhague, est soupçonné d'avoir voulu imiter les attentats perpétrés à Paris en janvier, ont indiqué les enquêteurs à la presse.
Bien qu’à ce stade des investigations, il est difficile de connaître les motivations de l’assaillant, certains éléments tendent à montrer des similitudes entre les événements de Copenhague et l’attaque sanglante menée le 7 janvier contre la rédaction du journal satirique "Charlie Hebdo", ainsi que la prise d’otages meurtrière, deux jours plus tard, dans le supermarché casher de la porte de Vincennes.
itSur Europe 1, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est lui-même dit "frappé par le mimétisme de la séquence. D'abord une attaque contre le symbole de la liberté d'expression, ensuite une attaque contre les juifs et puis l'affrontement avec les policiers".
"La même intention que 'Charlie Hebdo'"
Lors de la première attaque, vers 15h30, l’homme, armé d’un pistolet-mitrailleur, a tiré plusieurs dizaines de fois en direction du centre culturel Krudttønden, dans le quartier aisé d'Østerbro, où se tenait un débat intitulé "Art, blasphème et liberté". "Ils nous ont tiré dessus de l'extérieur. C'était la même intention que ‘Charlie Hebdo’, sauf qu'ils n'ont pas réussi à entrer", a déclaré peu après la fusillade l'ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, qui participait au débat.
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Parmi les participants à cette table ronde se trouvait également le dessinateur suédois Lars Vilks, qui avait suscité la controverse en 2007 par ses dessins représentant le prophète Mahomet avec le corps d’un chien. Le caricaturiste n’a pas été blessé mais pense avoir été personnellement visé. "Pour être honnête, je ne vois pas vraiment d’autre candidat possible. Je vis avec de nombreuses menaces de mort ,et il semble logique que je sois la personne visée", a-t-il confié par téléphone à France 24.
it"Un acte de terrorisme"
La seconde fusillade a eu lieu entre minuit et 1 h, à l'extérieur de la grande synagogue de Copenhague, dans le centre-ville. Un porte-parole d'une association juive, Jeppe Jul, a raconté au quotidien suédois "Dagens Nyheter" que l'agresseur ressemblait à un fêtard ivre puisqu'il a vomi dans la rue. Puis il a ouvert le feu sans sommation, blessant deux policiers et tuant un juif de 37 ans qui montait la garde à l'occasion d'une Bar Mitzvah.
Grâce aux renseignements fournis par un chauffeur de taxi affirmant avoir transporté l'homme recherché, les forces de l'ordre se sont rendues dans le quartier populaire de Nørrebro où elles pensaient le trouver. Vers 5 h, l'homme est arrivé sur les lieux et a tiré sur les policiers présents, qui en répliquant l'ont tué. Un épilogue qui fait, là encore, écho aux attentats de Paris.
it"Il y a une convergence de raisons qui amène vers l’islamisme comme ce fut le cas à Paris", observe pour sa part Gauthier Rybinski, spécialiste des questions internationales à France 24. Bien que la double attaque de Copenhague n'ait pas été revendiquée, la Première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt, a affirmé qu'il s'agissait d'un attentat. "Tout indique que l'attaque à l'arme à feu à Østerbro était une tentative d'assassinat politique, et donc un acte de terrorisme."
"Inspiré par la propagande militante islamiste"
Pour l’heure, il reste difficile de dresser un portrait du tireur présumé. La police danoise se refuse à livrer une quelconque information sur son identité ou sa nationalité. Tout juste sait-on que les premiers éléments de l’enquête laissent penser que l’homme était adepte de l'idéologie d'organisations jihadistes. "Il peut avoir été inspiré par la propagande militante islamiste diffusée par l'État islamique ou d'autres organisations terroristes", a déclaré Jens Madsen, des services de renseignement (PET).
L'homme, décrit dans un avis de recherche comme ayant entre 25 et 30 ans, était connu des services. "Nous n'avons pas de connaissance spécifique d'un voyage vers la Syrie ou l'Irak", a toutefois précisé le PET. Dimanche, la police procédait à la perquisition de plusieurs logements dans le quartier populaire de Nørrebro où l'homme a été abattu, afin d’en savoir plus sur ses motivations. Une opération a également été menée dans un cybercafé, où au moins deux personnes ont été arrêtées, selon la chaîne de télévision TV2.
Avec AFP