À l'appel du dirigeant Ramzan Kadyrov, des centaines de milliers de personnes ont manifesté, lundi à Grozny, la capitale de la Tchétchénie, contre la publication des caricatures du prophète Mahomet.
La Tchétchénie n’est pas Charlie. C’est en tous cas ce qu’ont tenté de prouver les centaines de milliers de personnes qui ont manifesté, lundi 19 janvier, dans la capitale Grozny, contre la publication de caricatures du prophète Mahomet.
Ils étaient "plus de 800 000", a affirmé le ministère russe de l'Intérieur, tandis que les autorités locales, citées par les agences russes, ont avancé le chiffre d'un "million de manifestants". Un chiffre qui a de quoi étonner : la population totale de la Tchétchénie s'établit officiellement à 1,2 million d'habitants et celle de Grozny à 220 000 habitants.
Selon une journaliste de l'AFP, ce sont plusieurs centaines de milliers de personnes qui se sont rassemblées dans la ville, douze jours après l'attaque meurtrière contre l'hebdomadaire satirique français "Charlie Hebdo". La foule a scandé "Allah Akbar" (Dieu est grand), en agitant des banderoles aux inscriptions en arabe à la gloire du prophète Mahomet.
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Ce rassemblement est survenu à la suite de l'appel du dirigeant Ramzan Kadyrov à "une manifestation populaire et solidaire", en réaction à un nouveau dessin du prophète publié par "Charlie Hebdo". Kadyrov, interdit de territoire par les États-Unis et l'Union européenne, avait exhorté les musulmans des républiques voisines, l'Ingouchie et le Daguestan, à se joindre au mouvement.
"Nous n'autoriserons jamais qui que ce soit à insulter le prophète"
"Ceci est une manifestation contre ceux qui insultent la religion musulmane", a déclaré le dirigeant tchétchène, au pied de la gigantesque mosquée qu'il a fait ériger en hommage à son père, Akhmad Kadyrov, mort en 2004 dans un attentat. "Nous n'autoriserons jamais qui que ce soit à insulter le nom du prophète", a-t-il continué.
Environ 15 000 personnes s'étaient déjà rassemblées, samedi en Ingouchie voisine, pour protester contre des caricatures, que les médias russes doivent "s'abstenir de publier", selon des consignes de l'autorité russe de surveillance des médias, Roskomnadzor.
Le dirigeant tchétchène avait par ailleurs décrit les auteurs des caricatures de Mahomet comme des "personnes sans valeurs spirituelle et morale". Il avait en outre qualifié l'ex-oligarque russe Mikhaïl Khodorkovski d'"ennemi de tous les musulmans" lorsque ce dernier avait demandé aux médias russes de publier des caricatures de Mahomet en signe de soutien à "Charlie Hebdo".
Si le Kremlin avait salué dans un premier temps la marche historique, organisée dimanche à Paris, contre le terrorisme, de nombreux médias et responsables russes se sont depuis démarqués de la solidarité mondiale que continue de susciter l'attentat. La Russie de Vladimir Poutine a notamment accusé "Charlie Hebdo" de manquer de respect aux croyants.
Avec AFP