L'ancien ministre de l'Intérieur Habib Essid, 65 ans, a été chargé de former un nouveau gouvernement en Tunisie après un accord entre les différents partis politiques. Entre espoir et déception, le choix de cet homme d'"expérience" divise.
Le magazine tunisien "Leaders" l’a qualifié de "consensuel", mais la nomination d’Habib Essid au poste de Premier ministre a pourtant suscité de nombreux commentaires acerbes. Certains Tunisiens se sont même dit déçus par sa désignation, redoutant une approche axée sur le sécuritaire et déplorant ses liens avec l'ancien régime.
"Habib Essid a travaillé avec l'ancien régime et il a travaillé avec la troïka", la coalition menée par Ennahda de fin 2011 à début 2014, a ainsi lancé sur la radio Shems FM Hamma Hammami, le chef du Front populaire, une coalition de gauche et d'extrême gauche. Sa nomination a provoqué des remous au sein même de son parti, Nidaa Tounès.
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Le choix de l’ancien ministre de l'Intérieur à la tête du gouvernement tunisien n’a pourtant rien d’une surprise. Le nom de celui qui avait notamment été chef de cabinet du ministre de l'Intérieur ainsi que secrétaire d'État à l'Environnement sous Ben Ali circulait avec insistance depuis plusieurs semaines.
Spécialiste des questions sécuritaires
Personnalité "indépendante" selon Mohamed Ennaceur, le vice-président du parti Nidaa Tounès, Habib Essid a été choisi conformément à la Constitution par le parti majoritaire à l'Assemblée, pour ses "compétences" et son "expérience", notamment "en matière de sécurité". Il est aussi un spécialiste de l'économie agricole, dont il a obtenu un master à l'université du Minnesota.
Le Premier ministre sortant Mehdi Jomaa, en visite à Paris, s'est également voulu rassurant : "On a un État qui est fondé aujourd'hui sur des institutions, au-delà des personnes", a-t-il déclaré à la presse.
À 65 ans, Habib Essid aura la lourde tâche de s'attaquer aux maux persistants du chômage et de la pauvreté, quatre ans après une révolution largement motivée par la misère et la marginalisation.
Et le nouveau Premier ministre compte bien se mettre au travail rapidement. "À partir d'aujourd'hui, nous commencerons les consultations avec les partis (politiques) et la société civile, et nous essayerons dans la mesure du possible de terminer ces consultations au plus vite afin que la Tunisie dépasse cette période de transition le plus rapidement possible", a-t-il assuré.
La nomination d'Habib Essid montre en tout cas, selon l'enseignant en histoire contemporaine Abdellatif Hannechi, "l'importance du dossier sécuritaire pour le nouveau gouvernement".
Avec AFP