Les États-Unis ont affirmé mardi que l’aviation iranienne avait visé des positions de l’organisation État islamique (EI) dans l’est de l’Irak, au cours de ces derniers jours. Ces frappes ont été lancées sans coordination avec le Pentagone.
Le ciel irakien devient de plus en plus encombré. Après les frappes aériennes menées par les États-Unis et ses alliés - dont la France - c’est au tour d’avions de chasse iraniens de bombarder des positions de l’organisation État islamique (EI) en Irak.
"Nous avons des informations indiquant que [l'Iran] avait lancé des raids aériens avec des avions F-4 Phantom ces derniers jours", a déclaré mardi 2 décembre à l'AFP le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.
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Ses déclarations sont intervenues après que la chaîne Al-Jazira a montré des images d'avions semblant être des chasseurs F-4, similaires à ceux utilisés par l'armée de l'air iranienne. Ces avions attaquaient des cibles dans la province de Diyala, frontalière de l'Iran.
Signe que toute collaboration même discrète entre Washington et Téhéran reste tabou, un haut responsable iranien a démenti mercredi ces informations lors d'une interview avec l'agence Reuters. "Toute coopération avec l'Amérique dans de telles frappes est hors de question pour l'Iran", a ajouté ce haut responsable ayant requis l'anonymat.
De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est contenté de déclarer que toute frappe de l'Iran contre le groupe Etat islamique (EI) aurait "au final" un effet "positif", sans toutefois confirmer les informations faisant état de récents bombardements iraniens dans l'est de l'Irak.
"Il est évident que si l'Iran s'attaque à l'EI dans un endroit particulier, et que si cette action est limitée à l'EI, et qu'elle a un impact, cela a un effet qui, au final, est positif", a déclaré mercredi M. Kerry à l'issue d'une réunion de la coalition internationale contre l'organisation jihadiste à Bruxelles.
Frappes coordonnées par Bagdad
Lors d'une conférence de presse, John Kirby avait auparavant noté qu'il revenait au gouvernement irakien de coordonner les frappes aériennes menées par les différents pays participant à la coalition internationale contre le groupe EI, et non aux États-Unis.
it"Nous effectuons des missions aériennes au-dessus de l'Irak. Nous les menons après nous être concertés avec le gouvernement irakien. Il revient au gouvernement irakien de gérer cet espace aérien", a dit le porte-parole du Pentagone.
"Rien n'a changé concernant notre politique selon laquelle nous ne coordonnons pas nos activités avec les Iraniens", a-t-il ajouté.
L'armée iranienne est active au sol, assistant les milices chiites ainsi que des unités de l'armée irakienne, mais c'est la première fois que Washington confirme des raids aériens menés par des avions de chasse iraniens contre le groupe EI.
Rapprochement entre Washington et Téhéran
L'Iran a également mis à la disposition de l'Irak des Soukhoï Su-25. La rumeur veut même que des pilotes iraniens soient aux commandes de ces appareils.
La confirmation par les États-Unis que l'Iran mène des frappes aériennes contre le groupe EI illustre la manière dont la menace posée par le groupe islamiste a rapproché les deux anciens ennemis.
Le gouvernement chiite iranien entretient des liens étroits avec le gouvernement chiite de Bagdad, qui éprouve de sérieuses difficultés à repousser les assauts des jihadistes sunnites.
Des avions américains mènent des missions au-dessus de l'Irak quotidiennement, appuyés par des appareils d'autres pays alliés comme la France, l'Australie ou le Canada par exemple.
Les Etats-Unis ont commencé leurs frappes aériennes contre le groupe EI le 8 août en Irak, et en septembre au-dessus de la Syrie voisine.
Avec AFP et Reuters