La société de sécurité privée américaine Blackwater a cessé jeudi ses activités en Irak, conformément à l'interdiction des autorités du pays. Cinq des agents de Blackwater sont accusés d'avoir tué des civils irakiens à Bagdad en 2007.
AFP - La société américaine de sécurité Blackwater, dont le nom a été sévèrement entaché en 2007 après une fusillade impliquant plusieurs de ses agents et qui avait fait 17 morts à Bagdad, a cessé jeudi de travailler en Irak conformément à l'interdiction des autorités irakiennes.
"L'ordre de mission de Blackwater pour ses opérations de sécurité s'achève aujourd'hui (jeudi, ndlr) à Bagdad", a déclaré Susan Ziadeh, la porte-parole de l'ambassade américaine dans la capitale irakienne.
La porte-parole de Xe, le nouveau nom de Blackwater, Anne Tyrrell, a confirmé à l'AFP que les activités de sa société avaient cessé.
"Nous sommes honorés d'avoir fourni ce service pendant cinq ans et sommes fiers de notre succès: aucune personne placée sous notre protection n'a été tuée ou grièvement blessée", a ajouté Mme Tyrrell.
La société privée Triple Canopy, fondée à Chicago (Illinois) en 2003 et basée en Virginie, succède à Xe pour le très lucratif contrat de protection des responsables américains, notamment ceux du Département d'Etat, en Irak.
Selon le quotidien américain New York Times, le Département d'Etat a signé un contrat sur cinq ans de 977 millions de dollars avec Triple Canopy pour l'Irak.
Blackwater conserve pour un temps le contrat sur les vols d'hélicoptères jusqu'à la conclusion d'un contrat avec une autre compagnie de sécurité privée.
Chaque fois qu'un responsable américain sort de l'ambassade des Etats-Unis, deux hélicoptères de Presidential Airways, une filiale de Blackwater, survolent en effet les environs de la "zone verte", le secteur ultra-protégé de Bagdad où sont concentrées ambassades occidentales et administrations irakiennes.
En janvier, le Département d'Etat avait refusé de renouveler le contrat de Blackwater après l'interdiction des autorités irakiennes de laisser Blackwater poursuivre ses activités en Irak.
Cette interdiction avait suivi le procès engagé par la justice américaine contre cinq agents de Blackwater, accusés d'avoir tiré sur des civils irakiens désarmés lors d'une fusillade dans le centre de Bagdad qui avait fait 17 morts le 16 septembre 2007.
L'incident était survenu à un carrefour de l'ouest de Bagdad, au passage d'un convoi diplomatique américain escorté par des employés de Blackwater.
Cinq d'entre eux sont accusés par la justice américaine d'avoir tiré sur des civils irakiens désarmés, tuant 14 personnes selon l'enquête américaine, 17 selon l'enquête irakienne.
Les cinq agents ont plaidé non-coupable des 35 chefs d'accusation dont ils doivent répondre. Leur procès doit s'ouvrir le 29 janvier 2010.
S'ils sont reconnus coupables, ils encourent jusqu'à dix ans de prison pour chaque homicide et 30 ans pour infraction à la réglementation des armes.
Blackwater, la plus grande entreprise privée de sécurité utilisée par les Etats-Unis en Irak, était devenu le symbole de l'entrée des sociétés privées dans les guerres au XXIe. Ces agents étaient honnis des Irakiens qui leur reprochaient d'agir en tout impunité.
Début mars, le patron et fondateur de la société américaine de sécurité Xe, Erik Prince, avait annoncé sa démission un mois après la perte du contrat en Irak.
Dans une enquête publiée début avril, le New York Times démontrait que si l'entreprise Blackwater en tant que telle allait disparaître d'Irak, un grand nombre de ses agents allaient continuer à travailler dans le pays pour d'autres sociétés privées.
Interrogé jeudi par l'AFP, le porte-parole du ministère irakien de l'Intérieur, le général Abdel Karim Khalaf, a estimé qu'"aucun ancien employé de Blackwater ne sera autorisé à revenir travailler en Irak avec une autre société de sécurité".