Incarcéré depuis la mi-janvier 2008 en Côte d'Ivoire pour "attentat" et "complot contre l'autorité de l'État", le journaliste français Jean-Paul Ney a quitté, mercredi, la prison d'Abidjan. FRANCE 24 a recueilli ses premières impressions.
"Je pense à ma famille en ce moment, j’ai déjà envie d’être dans l’avion" : libéré de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), mercredi soir, par la justice ivoirienne, le journaliste français Jean-Paul Ney s’est dit pressé de revenir en France après 500 jours de détention en Côte d’Ivoire.
Écroué à la mi-janvier 2008, il avait été inculpé pour "attentat" et "complot contre l'autorité de l'État" ivoirien.
Visiblement soulagé et apparemment en bonne santé, le journaliste était accompagné du consul de France à Abidjan, Alain Ferré. Il a réservé ses premiers mots au correspondant de RFI et de FRANCE 24 en Côte d’Ivoire, Norbert Navarro.
"Je suis sur un nuage (…) et j’espère que je vais pouvoir passer une journée au calme, loin de cette Maca", a-t-il déclaré.
Mardi, apprenant sa prochaine remise en liberté, FRANCE 24 avait réussi à joindre Jean-Paul Ney dans sa cellule. Le journaliste qualifiait la nouvelle de "victoire" pour "la justice ivoirienne, la liberté de la presse, et la vérité".
Sur son site Internet, le comité de soutien de Jean-Paul Ney s’est félicité de cette nouvelle. L’association Reporters sans frontières a fait de même mercredi soir, émettant toutefois quelques réserves : "Bien que l'affaire (…) n'ait pas livré tous ses secrets et que le rôle joué par Jean-Paul Ney dans cette opération doive encore être éclairci, nous accueillons avec soulagement cette remise en liberté."
Selon des sources officielles françaises, la France plaidait, depuis des mois, auprès des autorités ivoiriennes en faveur d'une libération de Jean-Paul Ney, invoquant des "raisons humanitaires" et l'état psychologique du journaliste.
"Noël à Abidjan"
Jean-Paul Ney, un photographe de presse de 33 ans employé par l’agence Gama, avait été inculpé et écroué à la mi-janvier 2008 dans la capitale économique ivoirienne pour "attentat" et "complot contre l'autorité de l'État".
Il réalisait alors un documentaire sur Ibrahim Coulibaly, dit "IB", un opposant ivoirien réfugié au Bénin, lorsque les autorités ivoiriennes l’avaient emprisonné pour sa participation présumée à une tentative de coup d’État - opération baptisée "Noël à Abidjan". Jean-Paul Ney clamait depuis son innocence.
Les autorités ivoiriennes lui reprochaient d'avoir participé à la préparation d'un coup d'État, des vidéos - dont des extraits ont été mis en ligne par la suite sur Internet - montrant "IB" tenant des propos ambigüs ayant été tournées par lui.
L’incarcération du journaliste était surtout embarrassante pour la diplomatie française, dont les relations avec la Côte d'Ivoire sont délicates depuis quelques années.
C’est finalement après un entretien entre le président ivoirien Laurent Gbagbo et le secrétaire d'État français à la Coopération, Alain Joyandet, que cette libération a pu être négociée. "Je tiens à remercier les autorités ivoiriennes et les autorités françaises pour avoir conclu cette affaire", a insisté Jean-Paul Ney à sa sortie de prison.