
Le mouvement Anonymous a piraté, dimanche, des comptes Twitter du Ku Klux Klan et révélé l’identité de membres présumés du groupe raciste, qui espère profiter des tensions à Ferguson, 100 jours après la mort d’un jeune noir abattu par un policier.
Le collectif d’hacktivistes Anonymous s’est trouvé une nouvelle mission : saper la tentative de retour sur le devant de la scène des suprémacistes du Ku Klux Klan (KKK) sur fond de situation explosive à Ferguson. Un verdict très attendu doit, en effet, être rendu cette semaine dans cette ville du Missouri après le décès, en août dernier, d’un jeune noir abattu par un policier.
16 NOV 2014 09:11:47 You should've expected us. #OpKKK continues to be a success. Freedom will prevail. pic.twitter.com/FUrNzBpVOa
— Ku Klux Klan (@KuKluxKlanUSA) 16 Novembre 2014Anonymous a piraté, dimanche 16 novembre, deux comptes Twitter et plusieurs sites internet appartenant au groupuscule raciste américain. Les comptes @kukluxklanUSA et @YourKKKCentral ne postent plus que des messages hostiles au KKK. Cette prise de contrôle sur Twitter intervient dans le cadre d’une opération plus vaste, baptisée #OpKKK, pour, officiellement, éviter que le Klan ne fasse son beurre médiatique sur le dos des événements de Ferguson.
Appel au meurtre du KKK
Cette ville a connu plusieurs mois de manifestations et d’affrontements violents avec les forces de l’ordre après la mort de Michael Brown, abattu par l’officier Darren Wilson. Ce dernier doit être fixé sur son sort judiciaire dans la semaine. Un contexte très tendu, qui a poussé le maire de Ferguson a déclarer l’état d’urgence lundi 17 novembre.
Le KKK, désormais bien loin du très influent et violent mouvement raciste des années 60, y a vu un terreau fertile pour (re)faire (un peu) parler de lui. Il distribue, depuis une semaine, des tracts promettant d’utiliser “une force létale” pour se défendre contre “les terroristes qui se font passer pour des ‘manifestants pacifistes’”. Le groupuscule a aussi lancé un appel aux dons pour financer la défense de Darren Wilson.
L’appel au meurtre contenu dans les tracts du KKK a, officiellement, déclenché les cyber-hostilités des membres d’Anonymous, un mouvement qui aime tout autant surfer sur des sujets médiatiquement porteurs. Ces hacktivistes ne se sont pas contentés de détourner les comptes Twitter du “Klan”. Ils ont aussi commencé à révéler les supposées identités de membres du mouvement raciste dans la région de Ferguson.
Les dangers du doxxing
Anonymous a mis en ligne un site spécialement consacré à cette grande œuvre de “doxxing”, le nom donné à cette méthode controversée qui consiste à mener des cyber-enquêtes pour tenter de révéler l’identité de personnes qui préféreraient rester anonymes. Les membres de l’opération #opKKK assurent ainsi qu’un policier, un vétéran de l’armée américaine ou encore un éducateur de Ferguson appartiennent à la chapelle locale du groupuscule raciste.
Toutefois, ce pan de la cyber-vindicte anti-KKK est loin de faire l’unanimité. Anonymous s’est, en effet, trompé à plusieurs reprise dans ses campagnes de doxxing, comme le rappelle le site du magazine Newsweek. Quelques jours après la mort de Michael Brown, un membre du collectif de hackers avait “révélé” le nom de l’officier de police responsable du coup de feu fatal. Problème : ce n’était pas la bonne personne. En 2008, Anonymous s’en était pris à un couple d’Américains accusés d’être des “hackers pro-scientologie”, la secte étant l’un des adversaires historiques du collectif. Mais les deux… sexagénaires n’avaient absolument aucune connaissance des techniques de piratage informatique comme l’avait découvert, à l’époque, le site Wired.
Une nouvelle erreur de “doxxing” risquerait de décrédibiliser toute l’opération #opKKK et permettrait même au mouvement raciste de se poser en victime d’une chasse aux sorcières.