Le Conseil de Paris vote lundi pour ou contre la construction de la tour Triangle. La maire socialiste de la capitale est isolée sur ce dossier, malgré les mérites qu'offrirait cette tour de 180 m, selon son adjoint chargé de l'urbanisme.
Sa silhouette pyramidale animera-t-elle un jour la "skyline" parisienne ? Un vote crucial au Conseil de Paris a débuté, lundi 17 novembre, et le plus grand suspense demeure sur l'issue du scrutin concernant la tour Triangle, dont ni les Verts, ni le centre, ni l'UMP ne veulent la construction. Le vote se déroule à bulletin secret, à la demande du groupe socialiste.
Le projet, porté par la société Viparis, via la SCI Tour Triangle, prévoit la construction d'une tour de 180 m au cœur du Parc des Expositions de la porte de Versailles, au sud de la capitale. Un bâtiment abritant essentiellement des bureaux, sur quelque 80 000 m2, auxquels s'ajouteront 5 700 m2 d'équipements d'intérêt collectif (crèche, maison de santé) et des espaces accessibles au public : 1 600 m2 de commerces, un atrium, un belvédère et un restaurant panoramique.
La délibération "technique" soumise ce matin au vote des élus est la queue de comète d'un processus lancé en 2008 par l'ancien maire Bertrand Delanoë (PS) et poursuivi désormais par Anne Hidalgo. Cette délibération doit permettre le "déclassement" de la parcelle où sera construite la tour, jusqu'à présent utilisée par le Parc des Expositions.
Mais son adoption est loin d'être assurée, en raison de l'opposition des 16 élus Verts - hostiles depuis le début -, mais aussi d'un grand nombre d'élus UMP (54 élus), de membres du groupe UDI-MoDem (16), de Danielle Simonnet (Front de Gauche) et de l'ex-MoDem Jean-François Martins. L'UMP et l'UDI, initialement favorables, ont tourné casaque lors de la campagne des élections municipales. Un revirement que le conseiller UMP Pierre Lellouche affirme ne pas comprendre, ne voyant que des "raisons passéistes ou politiciennes" à cette opposition. Il a déclaré à l'AFP que, "dans l'intérêt de Paris", il votera pour ce projet.
Quarante ans après Montparnasse
Battue lors de la dernière élection municipale, la candidate UMP Nathalie Kosciusko-Morizet s'est, elle, dès le départ déclarée réticente à un projet de tour "isolée". Dans une interview accordée au quotidien "Les Échos", elle regrette qu'il ne se limite qu'à la construction de bureaux et rappelle qu'il devait initialement abriter une pépinière d'entreprises, un centre des congrès et un hôtel. "Une tour isolée ne crée pas d’activité, elle fait le vide autour d’elle. Nous ne sommes pas hostiles aux tours par principe, ni aux quartiers de tours. En revanche, déclarer que la modernité passe nécessairement par les tours est justement très passéiste. Chaque ville doit créer sa propre modernité. Les arguments utilisés aujourd’hui en faveur de la tour Triangle sont ceux que l’on entendait il y a quarante ans sur la tour Montparnasse. Elle est aujourd’hui le monument le plus détesté des Parisiens", explique NKM.
Joint par France 24, Jean-Louis Missika, l’adjoint d’Anne Hidalgo à l’urbanisme, l’architecture, les projets du Grand Paris, le développement économique et l’attractivité a estimé vendredi que ce serait de la "folie" de refuser la construction de cette tour pour des raisons purement politiques.
"Il y a tellement en jeu, a-t-il déclaré. Non seulement cette tour va apporter des milliers d’emplois et libérer de l’espace dans le centre de la ville, mais surtout Paris a besoin de projets comme celui-ci. Si Paris veut être une ville qui compte dans le monde, il lui faut une architecture forte. Et c’est ce qu’elle a toujours fait depuis la construction de la cathédrale Notre-Dame."
Selon lui, voter contre le projet serait un mauvais message envoyé au monde. "Ce serait dire que Paris ne veut plus aller de l’avant et qu’elle n’est pas ouverte aux entrepreneurs", affirme-t-il.
Avec AFP