Les jihadistes Ansar Beït al-Maqdess ont prêté allégeance à l'organisation de l'État islamique (EI). Le groupe formé en 2011 revendique de nombreux attentats contre les forces de l'ordre égyptiennes.
Le groupe jihadiste Ansar Beït al-Maqdess, basé dans le Sinaï, a prêté allégeance à l’organisation de l’État islamique (EI), selon un enregistrement audio posté sur son compte Twitter officiel le lundi 10 novembre. "Nous annonçons prêter allégeance au calife Ibrahim Ibn Awad... pour écouter et obéir", en référence à Abou Bakr al-Baghdadi, le "calife" autoproclamé de l’Etat islamique. Cet enregistrement de neuf minutes et 26 secondes a ensuite été relayé sur un site internet utilisé par les islamistes.
Ansar Beït al-Maqdess, dont le nom signifie "les partisans de Jérusalem", disait jusqu'alors s'inspirer d'Al-Qaïda mais avait annoncé récemment qu'il "soutenait" l'EI. Certains soupçonnent des divergences au sein du groupe concernant ce ralliement. "Selon des experts des mouvements islamistes, les jeunes militants du groupe faisaient pression depuis un certain temps sur la direction pour prêter allégeance à l’EI. Mais les dirigeants d’Ansar Beït al-Maqdess semblaient vouloir garder une certaine autonomie financière, organisationnelle et décisionnelle", précise Sonia Dridi, correspondante de France 24 au Caire.
Le plus important ralliement à l'EI depuis la proclamation du califat
Ansar Beït al-Maqdess est un groupe puissant en Égypte qui multiplie les attaques contre les forces de l’ordre. Dès sa naissance en 2011, le groupe avait mené des attaques à la roquette sur le territoire israélien, frontalier avec le Sinaï. Il s'en était également pris à l'armée dans cette péninsule bastion de groupes islamistes. "Cette allégeance représente le plus important ralliement à l’EI depuis la proclamation du califat", estime Sonia Dridi.
Le groupe s’est formé à la faveur du vide sécuritaire qui a suivi la chute de Hosni Moubarak, en 2011. Ces derniers mois, i l a multiplié les attentats en représailles à la répression sanglante qui s'est abattue sur les islamistes après la destitution, en juillet 2013, de Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte. L’armée et la police égyptiennes ont en effet tué depuis plus de 1400 de ses partisans. Des centaines d’autres ont été condamnés à mort lors de procès expéditifs.
Jusqu’à présent, les militaires et les policiers étaient les cibles principales d' Ansar Beït al-Maqdess ; en revendiquant ses attentats, le groupe prenait toujours soin de demander aux "civils musulmans" de se tenir éloignés de ses cibles. "Mais l’allégeance à EI pourrait peut-être changer quelque chose à cela", redoute Sonia Dridi.
"Une menace existentielle"
Pour le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, Ansar Beït al-Maqdess constitue une "menace existentielle". Le porte-parole du ministère égyptien de l'Intérieur, Hani Abdel Latif, a estimé lundi que l'annonce du groupe jihadiste ne modifierait pas l'attitude des autorités égyptiennes, qui ont juré d'"éliminer les terroristes". "Il s'agit de noms différents pour les mêmes terroristes", a-t-il dit.
Le Caire est engagé dans une véritable guerre contre le terrorisme. Des dizaines de milliers d'islamistes ont été arrêtés depuis l'été 2013. Mais les organisations de défense des droits de l'Homme reprochent au pouvoir égyptien cette répression massive, qui pourrait pousser davantage d'islamistes vers l'extrémisme.
Le soutien à l'EI au sein des salafistes grandit en Égypte et, selon certaines estimations, quelques 600 Égyptiens combattent aux côtés de l’EI en Syrie et en Irak.
Avec AFP et Reuters