
La police israélienne s’est heurtée à des manifestants palestiniens sur l'esplanade des Mosquées mercredi. Des activistes juifs avaient prévu de se réunir dans cet endroit, troisième lieu saint de l’islam.
Le climat, dans la ville, est particulièrement tendu depuis quelques mois. Mercedi 5 novembre, de violents incidents ont opposé Palestiniens et policiers israéliens sur le site ultra-sensible de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est. Les heurts ont éclaté au petit matin à l'ouverture de la porte des Maghrébins par laquelle passent les visiteurs non-musulmans de ce lieu saint de l'islam et du judaïsme (les juifs l'appellent le mont du Temple).
Plusieurs personnes ont été volontairement percutées par un véhicule, mercredi 5 novembre à Jérusalem, dans une nouvelle attaque commise contre des piétons. L'un d'entre eux est mort, une dizaine d'autres personnes ont été blessées.
Le conducteur de la camionnette, qui s'est ensuite extrait de son véhicule pour agresser les piétons à coups de barre de fer, a été tué par des membres des forces de sécurité, a indiqué la police. Il s'agit de la deuxième attaque du genre en l'espace de deux semaines.
Avec AFP et Reuters
La police ne s'est pas prononcée sur les origines de ces heurts mais des extrémistes juifs avaient appelé à se réunir massivement ce mercredi sur l'esplanade des Mosquées pour prier en soutien au rabbin Yehuda Glick, figure de la droite ultranationaliste juive, grièvement blessé par balles le 29 octobre à Jérusalem.
Selon le récit de la police israélienne, des Palestiniens s'étaient retranchés dans la nuit sur l'esplanade des Mosquées, sans doute dans l'attente des manifestants juifs. Quand la porte s'est ouverte, des dizaines de manifestants masqués ont lancé des pierres et de puissants pétards sur les policiers israéliens qui se trouvaient là.
La police pénètre à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa
Omar Alkesouani, administrateur palestinien d'Al-Aqsa, a déclaré que les policiers israéliens avaient pénétré dans la mosquée et qu'une vingtaine de personnes avaient été blessées dans les échauffourées. Une première qui pourrait être perçue comme une provocation majeure. C'est la première fois que les policiers entrent aussi loin dans la mosquée et s'approchent d'aussi près du minbar, la chaire de l'imam, a expliqué à l'AFP Adnane al-Husseini, gouverneur de Jérusalem-Est et ancien responsable de la fondation islamique qui gère l'esplanade.
Selon la porte-parole de la police israélienne, Luba Samri, les policiers sont effectivement entrés de quelques mètres à l'intérieur d'Al-Aqsa, mais dans le but de pouvoir dégager des pierres bloquant les portes et fermer celles-ci. Il n'y a pas eu d'arrestation car "c'est un lieu saint", a tenu à préciser la porte-parole.
itLe calme est désormais revenu et l’esplanade n’a été fermée qu'une heure durant, rapporte la correspondante de France 24 Daphné Rousseau. Cette nouvelle poussée de fièvre est le dernier épisode en date de violences que subit depuis plusieurs mois la partie orientale de la Ville sainte. La tension est telle que les autorités israéliennes avaient pris la mesure exceptionnelle de fermer l'esplanade des Mosquées le 30 octobre dernier. Elle a été rouverte le lendemain pour la grande prière musulmane du vendredi.
Site ultra-sensible
Le statut ultra-sensible de l'esplanade des Mosquées, administrée par les autorités religieuses jordaniennes, est une source de tensions permanentes à Jérusalem. Chaque tentative de militants d'extrême droite israéliens d'y organiser une prière provoque des incidents avec les Palestiniens. "Ce lieu est l'endroit ultime où se rencontrent et se confrontent l'islam et le judaïsme, il est même la raison pour laquelle les négociations israélo-palestiniennes n'ont pas abouti jusqu'à maintenant", expliquait récemment à France 24, Charles Enderlin, journaliste spécialiste du conflit israélo-arabe à France télévisions.
itEn effet, les musulmans s'alarment de l'intention prêtée au gouvernement israélien d'autoriser les juifs à y prier, ce qu'ils n'ont jusqu'à présent pas le droit de faire. Un droit pour lequel militait activement le rabbin Yehuda Glick, toujours hospitalisé.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, s'est défendu à plusieurs reprises de vouloir changer le statut de ce lieu saint. "Netanyahou aimerait bien autoriser la prière juive sur l'esplanade des Mosquées, il avait pris des positions dans ce sens lorsqu'il était dans l'opposition, avait rappelé Charles Enderlin. Mais il sait parfaitement qu'une telle décision provoquera la rupture des relations avec la Jordanie, ainsi qu’une crise régionale".
La Jordanie administre en effet les lieux saints musulmans de Jérusalem par l’intermédiaire de la fondation religieuse Waqf, avec l’accord d’Israël. Avec l’Égypte, la Jordanie est le seul pays arabe de la région avec lequel l’État hébreu est officiellement en paix.
Mais après l’incursion de la police israélienne dans la mosquée d’Al-Aqsa, Amman a rappelé mercredi son ambassadeur à Tel-Aviv et annoncé que la Jordanie allait saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour protester contre ce qu’elle qualifie de "violations" des lieux saints. Un porte-parole gouvernemental cité par l’agence de presse officielle jordanienne Petra a dénoncé "l'escalade sans précédent" des interventions israéliennes sur l’esplanade des Mosquées ces derniers jours.
Avec AFP et Reuters